La loi de finances complémentaire 2009 a mis un trait rouge sur les crédits à la consommation. La centrale syndicale UGTA a appuyé cette mesure, considérant qu'elle est de nature à mettre à tout, si ce n'est le moins, un frein à l'hémorragie de devises au profit des sociétés étrangères. Mais cette mesure a mis en colère tout un segment de la population qui voit du coup son projet d'acheter un véhicule ou de l'immobilier, tombé à l'eau. La centrale de Sidi Saïd, dans le souci évident de ne pas s'aliéner les populations, victimes de la mesure, pense à une alternative: la reconduction du crédit à la consommation, mais dans une forme nouvelle. Selon Abdelkader Malki, membre du secrétariat national, «ces crédits seront accordés mais uniquement pour l'achat de produits algériens». «Il s'agit en fait de booster la consommation du made in Algéria pour aider l'entreprise nationale», explique encore le responsable de L'UGTA. Et, renchérit-il, «En aidant l'entreprise nationale, on participe à la sauvegarde des emplois». Il est vrai que les crédits à la conso, de la manière dont ils ont été utilisés jusque-là ont servi à l'achat de produits importés, véhicules, électroménagers… etc. Que propose donc l'UGTA? De mettre d'abord en place un groupe de travail qui sera composé à la fois de syndicalistes, d'universitaires et de banquiers et à charge pour eux de faire des propositions de mécanisme qui seraient une alternative à la formule abolie. Et une fois le travail du groupe achevé, en supposant que tous les partenaires sollicités adhèrent à la démarche de l'UGTA, ce dernier tentera, dans un deuxième temps, de vendre son projet au gouvernement et au patronat, dans le cadre de la prochaine tripartite. Il est aisé de comprendre le souci de l'UGTA, mû par le patriotisme économique, remis au goût du jour par la crise économique qui a mis à mal le système de marché. Mais est-ce que cette production nationale existe? Pour ne prendre que le cas des véhicules qui représentent environ 70% des crédits à la consommation, est-ce que le véhicule algérien sera disponible? Il est vrai que Abdelhamid Temmar avait fait état d'un accord avec un groupe émirati pour la production de véhicules allemands en Algérie. Mais cela ne reste pour le moment qu'une perspective qui risque d'ailleurs d'être remise en cause à tout moment, à cause du facteur qui pèse sur l'investissement étranger en Algérie. Même interrogation aussi, s'agissant des produits électroménagers et compte tenu de l'état de sinistre dans lequel se retrouve la SONELEC de Tizi-Ouzou, actuellement incapable de répondre à une forte demande nationale. Autre interrogation: est-ce que sous l'argument du patriotisme économique, il n'y a pas une velléité de la part du gouvernement de revenir carrément à l'époque du monopole que l'histoire a définitivement condamné? Ce serait évidemment se tromper d'époque, le tout faisant partie d'un passé enterré.