Il est temps d'apprendre à consommer « algérien ». Ce slogan, remis au goût du jour, a servi de fil conducteur à la visite effectuée, hier, par le SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, à la foire de la production nationale, en compagnie d'une forte délégation des représentants des organisations patronales, du président du CNES, Mohamed Seghir Babès et de la représentante de l'Organisation internationale du travail à Alger pour les pays du Maghreb. Mais un tel comportement n'est guère facile à inculquer aux Algériens, étant donné la qualité du produit et celle du service qui leur sont dédiés. « Les producteurs algériens, secteurs public et privé, disposent de tous les moyens humains et matériels pour réussir ce pari », a estimé le patron de la centrale syndicale, tout en précisant qu'il faudrait identifier les contraintes et dysfonctionnements entravant le processus de développement. « L'heure est au recensement des difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises algériennes. Il ne suffit pas de prôner la valorisation et la promotion de la production nationale, mais l'essentiel est d'œuvrer pour pallier les lacunes et régler les problèmes de fond », a souligné le SG de l'UGTA, au terme des premiers contacts qu'il a eus avec les producteurs nationaux, publics et privés, tous segments confondus. Dans cette optique, une rencontre aura lieu, prochainement, entre les organisations syndicales, les représentants du patronat et les jeunes investisseurs. L'idéal serait de parvenir à un développement à la hauteur des missions assignées aux producteurs nationaux, notamment dans le domaine de l'électronique et l'électroménager. De l'avis de Sidi Saïd, les entreprises nationales spécialisées dans les articles électroniques et électroménagers sont en mesure de prendre en charge tous les besoins nationaux. En témoigne, d'ailleurs, la percée réalisée par ENIE, ENIEM et Starlight, dont le taux d'intégration au niveau du marché national est de l'ordre de 60%. Une telle avancée favorisera, selon lui, l'indépendance et l'indépendance économique du pays. Le SG de l'UGTA a fait référence aux dangers de la domination économique. « Nous risquons d'être, à moyen terme, un pays consommateur de produits importés », a-t-il rappelé, estimant que la visite d'hier n'a été qu'une opportunité pour écouter les producteurs nationaux, publics et privés, et construire, par la suite, un dossier de faisabilité pratique d'accompagnement que l'UGTA et le patronat soumettront au gouvernement. Sur ce point, le président du groupe Industrie et commerce, Abdelaziz Mehenni, a souligné que les partenaires sociaux n'ont d'autre choix que de recourir à une collaboration commune pour consolider l'outil de production national. « Nous tenterons tout pour sauvegarder les postes d'emploi existants et en créer d'autres », a-t-il souligné. Mais, selon lui, il faut une condition : mettre un terme à ce bazar, qui a fait de l'Algérie la poubelle de la production asiatique. M. Mehenni ne semble nullement surpris de l'intérêt qu'affichent certains investisseurs étrangers à l'égard de l'Algérie ; il l'attribue aux 200 milliards de dollars de réserves de change. « Nous sommes lucides et nous ne voulons plus continuer à consommer les produits qui ne sont nullement meilleurs que les produits locaux », a-t-il souligné. Pour le président du CNES, Mohamed Seghir Babès, le développement de la production nationale est un combat national, tous secteurs confondus, d'autant « que toutes les capacités et compétences sont disponibles ».