La région de Kabylie est prise en étau entre le terrorisme et le banditisme qui prennent des proportions alarmantes. La population fait face à ces phénomènes qui la pénalisent sérieusement. Le citoyen ne sait plus où donner de la tête dans la mesure où son quotidien est fait d'inquiétudes. L'insécurité règne dans plusieurs localités de la Kabylie livrées aux attentas terroristes et aux kidnappings, au point où la situation risque de s'acheminer dangereusement vers l'escalade de la violence. La liste noire des enlèvements s'allonge, installant, de ce fait, un climat de terreur et d'angoisse dans toute la région. Le citoyen appréhende de se faire kidnapper à tout moment. Les industriels, les commerçants et les entrepreneurs demeurent toujours la proie privilégiée des auteurs des rapts dont le nombre a atteint 75 cas. L'affaire de l'exécution de l'otage d'Azeffoun, Aghiles Hadjou, mercredi dernier, au bout de quelques jours de captivité, replonge, encore une fois, la région dans l'incertitude. «C'est vraiment inquiétant ce qui se passe dans la région», commente un citoyen de la wilaya de Tizi Ouzou qui estime que la Kabylie n'arrive pas à voir le bout du tunnel en raison de la multiplication des actes terroristes et de banditisme qui infestent la vie de la population. Ainsi, rien qu'à Azeffoun, les habitants subissent impuissamment la recrudescence des actes perpétrés par des groupes armés qui opèrent sous la coupe de terrorisme et des malfaiteurs qui agissent loin des ordres de l'ex-GSPC. L'affaire de la mort de Hend Slimana, propriétaire d'une entreprise de travaux publics, qui a succombé à ses blessures après une tentative de kidnapping, dans la commune d'Aghribs, ouverte, la semaine dernière, par le tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou a mis en cause 14 personnes. Ces membres d'un réseau spécialisé dans les rapts, notamment dans le versant est de la wilaya de Tizi Ouzou, n'ont aucun lien avec le terrorisme si l'on se réfère à leurs déclarations. Il s'agit d'un groupe de malfaiteurs. Mais ce n'est pas le cas dans le flanc sud de la wilaya, où les auteurs d'enlèvements sont souvent identifiés comme des islamistes armés. Un entrepreneur de Maâtkas, enlevé au début du mois de mai dernier puis relâché au bout d'une semaine de séquestration, avait déclaré au lendemain de sa libération que ses ravisseurs sont des personnes barbues et vêtues de tenues afghanes. Ils ne cessaient, durant toute la période de sa captivité, a-t-il dit, de réciter le Coran. Toujours à Maâtkas où le phénomène a fait son apparition en 2005 ; c'est pour la première fois dans la wilaya de Tizi Ouzou que des citoyens nous ont souligné que les auteurs de plusieurs kidnappings dans les localités de cette daïra activent sous la coupe d'El Manchot, un terroriste notoire connu dans cette région qui a subi de plein fouet les affres des groupes armés. L'année dernière, trois villageois ont été tués lors de la tentative de kidnapping du fils d'un émigré. Les assaillants avaient demandé une rançon sur place pour relâcher l'otage. Des citoyens armés de fusils de chasse sont intervenus pour libérer le jeune, en vain. Les terroristes l'ont exécuté avant de s'accrocher avec les villageois. Sept agents de sécurité du chantier de transfert des eaux du barrage de Koudiat Acerdoune (Bouira) avaient été assassinés lors d'une embuscade terroriste à Souk El Tenine. Non loin de là, à Mechtras, la situation est similaire puisque les islamistes armés annoncent souvent leur présence par des faux barrages et des incursions ainsi que des enlèvements. Le fils d'un commerçant a fait l'objet d'un rapt, en août dernier, devant le domicile familial à Mechtras, dans la daïra de Boghni. Il sera libéré par ses ravisseurs suite à une grande mobilisation citoyenne. Là aussi, les enlèvements, qui ont été enregistrés et dont sont victimes, entre autres, le propriétaire d'une entreprise de marbre et le fils d'un entrepreneur, sont, selon des sources locales, l'œuvre des groupes armés qui activent sous la houlette de Youcef El Harachi, l'un des chefs terroristes qui écument les maquis dans la région sud de Tizi Ouzou. Ce dernier a été, d'ailleurs, plusieurs fois condamné par contumace à la peine capitale pour divers actes. Par ailleurs, la daïra de Beni Douala figure aussi parmi les localités les plus touchées, ces dernières années, par les actes terroristes. Outre l'attentat kamikaze qui avait ciblé, en 2011, le siège de la brigade de la gendarmerie, les faux barrages sont régulièrement signalés, notamment à Tala Bounane qui est devenue «la plaque tournante» des rapts à Beni Aïssi, à 7 km au sud de Tizi Ouzou.