Les familles des victimes du terrorisme sont disposées à descendre dans la rue pour se faire entendre du moment que les responsables locaux continuent à ignorer leurs revendications et refusent même de recevoir leurs représentants légalement élus », a affirmé, hier, Djamel Younès, responsable du bureau de Sidi Bel Abbès de l'Organisation des victimes du terrorisme (ONVTAD). Expliquant l'état d'esprit dans lequel se trouvent de nombreuses victimes, M. Younès note « le manque flagrant d'informations au sujet des dispositions portant mise en œuvre de la charte et le black-out total imposé par les services de la wilaya ». « On refuse, à ce jour, de nous recevoir au niveau de la direction de la prévention et de la sécurité (DOPS) malgré les nombreuses demandes d'audience dont a été destinataire le wali. Pis encore, les familles de victimes du terrorisme qui se rendent à la cellule installée par la commission de wilaya reviennent bredouilles et sont très mal accueillies », ajoute-t-il, en faisant remarquer que les récentes ponctions (entre 1000 et 2000 DA) opérées le mois dernier de manière inexpliquée sur les pensions des victimes et ayants droit ont provoqué encore plus de colère au sein de cette frange déjà démunie. Il citera, à ce propos, le cas d'une veuve, mère de 4 enfants, qui touche une pension de 7000 DA et qu'on a soulagé de 1500 DA. « C'est inacceptable ! Non seulement on nous dénie le droit de prendre part au processus mis en place, on procède en plus à des prélèvements sur nos pensions sans aucune raison et sans explication », tempête M. Younès, qui dit avoir alerté les services de sécurité d'une éventuelle occupation de la rue. A Chelf également, déception au sein des familles victimes du terrorisme après l'application des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. D'après certaines d'entre elles, ce dispositif n'a rien prévu concrètement pour les victimes de la barbarie terroriste, dont le nombre s'élève à 10 000 personnes pour la seule wilaya de Chlef, selon des sources locales. Dans un communiqué remis à la presse, le bureau de wilaya de l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit (ONVTAD) a réclamé une prise en charge urgente et effective des problèmes que vivent ces citoyens, notamment sur les plans social et médical.« Nous avons certes soutenu la réconciliation nationale mais pas à n'importe quel prix. Nous réclamons seulement nos droits en tant que frange importante de la société ayant subi les pires atrocités et le déferlement de la violence terroriste avec son lot de victimes, d'invalides, de veuves et d'orphelins », indique le président de l'ONVTAD, Rekkad Kacem. Il joint sa voix à celle de toutes les victimes du terrorisme à travers le territoire national, qui demandent plus de considération et de dignité après avoir payé un lourd tribut au terrorisme. D'après le document en question, les engagements pris par les pouvoirs publics en matière de logement, de soins, de revalorisation des pensions et d'indemnisation des personnes touchées sont restés lettre morte.