La polémique autour du marché parallèle des changes enfle chaque jour un peu plus. Hier, c'était au tour du gouverneur de la Banque d'Algérie de réagir enfin aux propos du ministre de l'Intérieur quant à l'utilité du marché informel des devises, dans un contexte où le canal bancaire et légal a montré ses limites. Vivement interpellé par les députés sur la question, Mohamed Laksaci est non seulement revenu sur l'illégalité des transactions informelles, mais a évoqué les contours d'un début de solution.La première étant une révision du change. Le gouverneur de la Banque centrale a dans ce sens confirmé officiellement que son institution est en passe de revoir les procédés de convertibilité courante du dinar au profit des ménages. Autrement dit, il s'agit de réviser les plafonds de droit de change pour les particuliers pour couvrir études, soins à l'étranger, allocations touristiques, etc. Une annonce qui pourrait satisfaire des ménages qui recourent le plus souvent au marché parallèle pour satisfaire leurs besoins. Toutefois, le gouverneur de la Banque d'Algérie ne précise pas à quel niveau pourraient se situer les nouveaux plafonds ni la nature exacte de la révision du droit de change. Le fait est que l'étude que la Banque d'Algérie a lancée il y a quelques mois est toujours en cours et que tout reste à définir. L'annonce de ce genre de mesures tend ainsi à apaiser une opinion qui attendait de manière pressante une réaction de l'autorité monétaire. L'autre solution avancée par M. Laksaci concerne les bureaux de change dont l'activité est régie par deux directives (08-96 et 13-79) de la Banque centrale régissant les conditions de création et d'agrément ainsi que les missions de ce genre d'entité. Le responsable a rappelé ainsi que l'activité des bureaux de change est autorisée par la loi depuis de nombreuses années. Ainsi, près d'une quarantaine de bureaux ont été agréés à l'effet d'effectuer des achats de devises auprès des particuliers au taux déclaré et de vente de devises au profit des banques agréées et de la Banque centrale. Cependant, certains des agréments ont été retirés pour cause d'infraction à la législation des changes. Pour le reste, l'activité de bureau de change ne semble pas attrayante à cause des marges qui demeurent très insuffisantes pour garantir le fonctionnement et la rentabilité d'une telle activité. A ce titre, la Banque d'Algérie se propose d'augmenter les commissions de 1%. Il n'en demeure pas moins que malgré toute la bonne volonté affichée par l'autorité monétaire pour lutter contre le marché parallèle des devises via les bureaux de change, les cambistes informels bénéficient d'un gap de près de 50% avec le taux de change officiel pour attirer les fournisseurs potentiels de devises. Cela ne justifie en aucun cas l'existence de marchés tels que celui de Port-Saïd, interdits par la loi 96/22 qui prohibe formellement l'achat et la vente de devises en dehors du cadre légal constitué de banques et de bureaux de change. A ce titre, le gouverneur de la Banque d'Algérie a rappelé que ces marchés informels ouvrent la voie à la fuite des capitaux et à l'évasion fiscale.