Petits élèves avec leur professeur et un soldat, militaires de l'état-major de l'ALN, petite fille dans un douar, des jeunes manipulant des fusils, ou autour d'un feu… Ces scènes de la vie des combattants pour la cause algérienne sont exposées au Musée central de l'armée de Riad El Feth, sous le titre «La cause de près». Cette incroyable exposition montre des photographies appartenant à Ahmed Moussa prises à la base de l'Est, où se trouvait le siège de l'état-major de l'ALN. Dans l'atmosphère solennelle du Musée de l'armée, vous pouvez vous immerger dans l'histoire de l'Algérie de ceux qui croyaient en un idéal. Vous découvrirez aussi l'histoire d'un passionné de l'art de la photographie et fervent militant, Ahmed Moussa, natif de Ghardimaou, en Tunisie (originaire de Michelet), et décédé à la fin des années 1980. «C'était un vrai passionné de photo ! Notre père nous les montrait tout le temps, il en parlait jusqu'à sa mort», raconte Salim Moussa, fils du défunt. Les enfants d'Ahmed Moussa ne savaient pas quoi faire du trésor de leur père, jusqu'à ce qu'ils prennent attache avec les Archives nationales. «Il s'agit du plus important fonds photo privé jamais déposé, car il y en a au total 1400. Mais nous voulions surtout valoriser la justesse de la cause algérienne et sa dimension humaine», poursuit-il. La démarche du militant, à l'époque, donne l'occasion, aujourd'hui de plonger dans le passé de ces hommes et femmes qui ont fait la Révolution algérienne et combattu jusqu'au bout pour leurs idées. Ces photographies donnent la parole à des personnages figés et muets, dont l'expression du visage ou la posture en dit long sur le vécu, le quotidien et les profondes convictions patriotiques. Sacrifices Ce sont sans doute ces mêmes convictions qui ont poussé Ahmed Moussa à rejoindre le Front de libération nationale. Le FLN lui octroie la responsabilité politique et sociale d'une nahia (région) de la base de l'Est en charge des réfugiés, par la suite il rejoint l'Armée de libération nationale (ministère de l'Armement et des Liaisons générales). Le poste n°17 du réseau des transmissions était hébergé dans son propre domicile. Ahmed Moussa était également en charge du service de la propagande. Durant les premières semaines de l'indépendance, sous service commandé, il avait récupéré, au Palais du gouvernement, toutes sortes de documents (plans et documents divers). «C'était un homme de confiance. Certains disaient que mon défunt père était parmi les personnes en mesure d'écrire sur l'aspect psychologique de la Révolution algérienne», poursuit son fils. Avant de rejoindre la Révolution, il avait étudié par correspondance la comptabilité analytique auprès de la société française Chauffour Dumez. «Pendant des années, on a glorifié les hommes au détriment de l'écriture objective de l'histoire. Bien sûr, toute révolution a besoin d'hommes, mais que personne ne se croie indispensable. Mon père avait des paroles très fortes dans ce sens. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons surtout glorifier la cause. Car l'indépendance n'a été acquise qu'au prix de sacrifices», conclut Salim Moussa, héritier de cette banque d'images déchirantes et précieuses.