Les artisans qui enjolivaient avec une multitude de produits « 100% algériens » la place Ahmed Zabana, (ex-Meissonnier) sont devenus persona non gratta. Ces personnes, qui exercent un métier manuel (ils exposent des objets de souvenir, des articles en bronze et en argent, des bijoux en argent, des plantes, des vanneries, des petits articles en cuir, des produits céramiques à froid ainsi que des oiseaux et des petits poissons) ont été chassées, le 14 mars 2006, Journée nationale des handicapés par les forces de police. Ces derniers exécutaient une décision émanant de l'APC de Sidi M'hamed sous le n°27/2005 et datée du 9 février 2006 sous le motif de « réhabilitation et d'organisation des espaces publics ». Composés d'une dizaine de personnes, ces artisans, qui exerçaient depuis 1998, exploitaient une surface de 60 m2 sur un total de 1000m2 et versaient un loyer mensuel de 12 000da. « Nous avions des autorisations d'exposition/vente au temps de Mme Sator l'ancienne présidente de l'Apc. Nous avons gagné la confiance des gens, principalement les touristes étrangers qui affluaient des quatre coins du monde afin d'apprécier nos produits et d'immortaliser leurs souvenirs d'Algérie. La place Ahmed Zabana était la destination privilégiée de plusieurs ambassadeurs' ils venaient s'approvisionner en produits artisanaux. Nous avons été même inscrits dans le guide Algérie 2005 en France et sollicités par plusieurs P/APC afin d'exposer nos produits dans leurs centres-ville. C'était au temps où notre pays était montré du doigt. Aujourd'hui que la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, on nous envoie au chômage », avouent les artisans qui se sont déplacés à notre niveau. Ces derniers tiennent à préciser que le plus ancien parmi eux, un éleveur et vendeur d'oiseaux, est un sourd-muet. Diabétique, il emploie avec lui pas moins de trois handicapés. « C'est un très beau cadeau qu'ils ont reçu à l'occasion de cette Journée nationale des handicapés en les envoyant au chômage, alors qu'ils sont des pères de famille », avouent-ils, médusés. Nos vis-à- vis tiennent toutefois à rendre un hommage à l'ancienne P/Apc qui a su les encourager et les soutenir. « Mme Sator nous rendait visite chaque mois pour s'enquérir de notre situation et nous encourager. Elle nous prenait même en charge », ajoutent nos interlocuteurs qui précisent qu'à l'opposé, l'actuel P/Apc « refuse même de nous recevoir ». « L'actuel maire nous a délivré une autorisation d'exploitation qui a expiré le 31 janvier 2004. Nous avions obtenu des promesses de sa part qu'une nouvelle autorisation nous sera délivrée dans les plus brefs délais. Nous avions alors versé aux caisses de la commune, et en guise de bonne volonté, plus de 7 millions de centimes, frais de locations pour les mois de février jusqu'à Juillet 2004, alors que nous n'avions même pas obtenu cette autorisation », affirment-ils. Et d'ajouter : « Une semaine seulement après notre expulsion, les vendeurs informels ont investi les lieux, exposant leur marchandise à même le sol et rendant les lieux malpropres. Actuellement, ce sont quatre policiers qui ont été dépêchés afin d'empêcher l'invasion de l'informel. » Nos interlocuteurs tiennent à préciser que les vendeurs informels qui bloquent à longueur de journée la rue Ferhat Boussaâd jusqu'aux portes du CHU Mustapha n'ont pas été inquiétés. « Nous vivons dans un monde des mouajizate (miracles). Ceux qui payent leurs loyers et activent pour la promotion de l'activité artisanale en particulier et du tourisme en général sont chassés manu militari, alors que ceux qui vendent du chiffon, des produits cosmétiques contrefaits et des produits alimentaires périmés ne sont même pas inquiétés. Pourquoi ? », s'interrogent les artisans qui interpellent les plus hautes autorités de la wilaya afin d'intervenir. Contacté, le P/Apc de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, dira que la place Ahmed Zabana doit retrouver son lustre d'antan. « Il faut en finir une fois pour toutes avec l'occupation sans autorisation de cette place. Nous avons envoyé des mises en demeure aux artisans leur intimant l'ordre de ne plus exposer dans ce lieu. » Le maire ajoute que ces derniers ne sont pas en possession de registre du commerce et que la place n'est pas un fonds de commerce. « Ces artisans peuvent exposer et vendre leurs produits dans d'autres lieux s'ils le désirent. » Interrogé sur la centaine de vendeurs informels qui occupent la rue Ferhat Bousaâd, le jardin public qui porte le même nom ainsi que la rue Bicha, notre interlocuteur précisera que les vendeurs de la rue Bicha seront transférés vers un marché de proximité, qui sera prochainement installé. Quant à ceux de Meissonnier, le maire avouera que la situation est compliquée. « C'est très compliqué. Il faut une procédure. Il faut trouver des solutions », déclare le P/APC.