Encore une fois, l'Algérie a marqué cette manifestation ouverte et attachante. Ce festival du cinéma méditerranéen, débuté le 26 octobre, s'achève aujourd'hui. Cette trente-quatrième édition s'est montrée fidèle à l'esprit du festival, avec une programmation innovante et des invités toujours aussi prestigieux, comme le réalisateur Costa Gavras, figure de proue de ce Cinémed. Déjà très attaché à l'Algérie, le festival ne pouvait passer sous silence le cinquantième anniversaire de son indépendance. Pour marquer l'événement, une exposition intitulée «L'Algérie et la France : destins et imaginaires croisés» s'est tenue dans le hall du Corum. Dans la continuité, une table ronde animée par l'historien Benjamin Stora a eu lieu hier sous le thème des relations entre les deux pays. Plus de deux cents cinquante films – dont la moitié inédits ! – ont rythmé la programmation copieuse du festival. Le palmarès aux multiples distinctions, dont l'Antigone d'or, ne sera connu qu'aujourd'hui. Comme de coutume, le cinéma algérien a été présent en force, avec des nouveautés et la rediffusion de certains films-cultes comme, la Palme d'or du festival de Cannes 1975, Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, ou l'indémodable Omar Gatlato de Merzak Allouache. Celui-ci, désormais habitué du festival et de la ville de Montpellier, a présenté le 28 octobre son dernier-né, Le Repenti. Les films de ce réalisateur suscitent toujours l'intérêt et des débats intenses. Je vous ai compris de Frank Chiche, évoque la fin de la guerre d'Algérie à travers le destin de trois protagonistes qui sont Malika, Jacquot et Thomas. Au rayon des courts métrages, le film de Sofia Djamaa, intitulé Mollement un samedi matin, aborde la question de la frustration sexuelle et du viol. Le jeune d'origine algérienne, Karim Ben Salah, a proposé un autre court métrage, Chantier(s), où il est question d'un atelier-vidéo organisé avec des collégiens. Par ailleurs, il est à noter que le cinéaste algérien Abdenour Zahzah, auteur de l'excellent film Garagouz (Le marionnettiste), primé ici au festival il y a de cela trois ans, comme dans plus d'une dizaine de manifestations internationales, a été retenu comme membre du jury du court métrage de Cinémed. Comme d'habitude, la sélection documentaire n'a comporté que dix films. Parmi eux, le très attendu Albums de famille, qui se distingue par sa démarche méditerranéenne collective en évoquant à travers «le regard de quatre réalisateurs des rencontres familiales dans différents pays, de l'Algérie à la Jordanie, en passant par la Galilée et la Tunisie». La partie algérienne de ce documentaire a été assurée par Nassim Amaouche. Par ailleurs, le festival a donné carte blanche cette année à l'acteur franco-algérien, Jalil Laspert. Enfin, comme le dit si bien Jean-François Bourgeot, directeur du festival, «le cinéma, art collectif et complexe, art du point de vue, est toujours là pour nous renseigner sur l'état du monde.» On est tenté d'ajouter que c'est pour cela qu'il passionne toujours les foules.