C'est dans les bagages de Merzak Allouache que s'apprêtent à accoster ces émigrés clandestins. La caractéristique d'un bon festival de cinéma est de toujours réserver aux cinéphiles d'agréables surprises et des trouvailles intéressantes. Ainsi, le Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, qui débutera demain jusqu'au 1er novembre, déroulera le tapis rouge pour accueillir Merzak Allouache et les acteurs du film Harraga, lors de sa projection le dimanche 25 octobre à 21h 30. Il faut rappeler que ce long métrage a été tourné dans la région de Montpellier et plus précisément entre Frontignan et Sète, la ville du grand chanteur Georges Brassens. L'histoire se déroule, aussi en partie, sur les côtes algériennes, près de Mostaganem où Hassan le passeur promet à des jeunes, tentés par l'aventure en mer, d'atteindre l'Espagne pour un avenir meilleur. Ces derniers vont se rendre compte que les choses ne sont pas aussi simples. Cette avant-première, en France, drainera à coup sûr les grandes foules et promet une soirée riche en débats sur la problématique de la circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée. Jean-François Bourgeot, le directeur du festival Cinemed, explique ce choix de programmation en ces termes : « Ce film est dans la thématique du festival qui en est à sa 31e édition et nous voulons que cette mer soit un lien qui unit les peuples et non un obstacle périlleux qui engendre la mort. » En effet, pour cette nouvelle édition, c'est le cinéma turc qui sera mis à l'honneur. Les organisateurs veulent montrer, à travers cette mise en lumière des films venus du détroit du Bosphore et du fin fond de la Tchoukourova, que les réticences des hommes politiques européens sur l'intégration de ce grand pays au sein de la CEE, n'a pas lieu d'être. Une autre présence algérienne dans la compétition officielle est à signaler. Il s'agit de la sélection du court métrage intitulé Ils se sont tus (Sektou) de Khaled Ben Aïssa. Ce petit film raconte l'histoire de Smaïn qui travaille la nuit et auquel arrive des aventures rocambolesques à Alger, quand il essayera de regagner son domicile. Selon certains observateurs, ce petit film est un bijou susceptible de décrocher une distinction, comme il l'a déjà fait ailleurs, à Ouagadougou et Taghit surtout. Bien que pas très inédits maintenant, d'autres films algériens seront par ailleurs projetés tout au long du festival. Deux films de Nadir Mokhnèche, Viva l'Algérie et Délice Paloma avec Beyouna en haut de l'affiche, vaudront quand même le détour. Sans oublier deux autres films de Rabah Ameur Zaïmeche, intitulés Le dernier maquis et Bled number one qui traite de l'épineux problème de la double peine. Les spectateurs qui attendent avec impatience cet événement pourront voir plus de150 films et pas moins de dix documentaires qui, selon le responsable de cette section, Hubert Corbin, ont été sélectionnés avec une grande rigueur après en avoir visionnés plus de 300 titres. Le Festival s'ouvre, comme chaque année, sur les quartiers à forte population immigrée en projetant des longs et courts métrages qui ravissent des familles entières.