Une 32e édition riche et réussie et des distinctions pour trois films algériens. Le dernier jour du Festival du cinéma méditerranéen a été consacré au palmarès pour récompenser toutes les œuvres mises en concours. Comme d'habitude, à entendre certains commentaires, les goûts du public sont souvent à contre-courant de ceux des jurys. Mais la consolation vient surtout pour le public d'avoir vu de bons films et découvert un large éventail de réalisateurs talentueux que recèle la Méditerranée. Pour les fans du cinéma algérien, qui a séduit par sa présence et sa qualité, les satisfactions sont nombreuses. D'abord le public a été nombreux lors des projections, en dépit de la très forte concurrence d'œuvres d'autres pays, programmées au même moment. Et, pour une fois, le jury et le public sont tombés d'accord pour récompenser le long métrage de Dahmane Ouzid, La Place (Algérie, 2010, 1 h 53). Ce film est la première comédie musicale de l'histoire du cinéma algérien. Elle traite des problèmes de la jeunesse dans un esprit de générosité total, avec une chorégraphie maîtrisée et par une musique à la hauteur des thématiques proposées par le film. Le jury ne s'est pas trompé en lui accordant le prix «Jam de la meilleure musique». Au-delà de cette récompense, c'est aussi toute la musique algérienne et son extraordinaire audience en France (pas seulement dans la communauté algérienne) qui est récompensée. Henri Talvat, le président du festival, a, dès le départ, aimé ce film en le donnant comme possible lauréat de l'Antigone d'or qui est revenue finalement à l'Espagnol Agusti Vila pour son long métrage, La Mosquitera (Espagne, 2010, 1 h 35), un film qui met en exergue le sentiment de culpabilité qui habite tous les membres d'une famille. Les jurys ont, par la même occasion, décerné une mention spéciale au film marocain, La Mosquée, qui à notre avis est l'un des meilleurs présentés durant le festival. Pour les courts métrages, c'est le film du réalisateur Abdenour Zahzah, intitulé Garagouz (Algérie, 2010, 25 mn), qui a obtenu les faveurs du public en décrochant le Prix du public Midi-Libre. Garagouz, comme son nom l'indique, est l'histoire d'un marionnettiste qui lutte avec son fils dans un univers hostile pour faire vivre son art. Une œuvre d'une tendresse à couper le souffle et d'une grande sensibilité artistique. Dans la même catégorie, la jeune cinéaste algérienne, Amal Kateb a reçu la mention spéciale du jury jeune public pour sa fiction, On ne mourra pas (France-Algérie, 2010, 20 mn) relatant la résistance des Algériens au terrorisme. Côté documentaire, on notera la bonne impression laissée par le film Chou sar ? (Que s'est-il passé ?) du Libanais De Gaulle Eïd, une enquête sur le massacre de sa famille durant la guerre civile au Liban. Ce festival qui a fait dialoguer réalisateurs palestiniens et israéliens autour du programme «Café entre réalité et imagination», continue de dresser des passerelles heureuses entre tous les habitants de la Méditerranée. Avec trois distinctions glanées à Montpellier, le cinéma algérien prouve une nouvelle fois d'indéniables qualités.