C'est la 4e édition de cette manifestation cinématographique unique en son genre. IInitiée en 2008 dans la région Languedoc-Roussillon, «Regards sur le cinéma algérien» est une manifestation qui tend à s'inscrire dans la durée. Elle génère chaque année de plus en plus de spectateurs et un engouement médiatique qui ne se dément pas. Nadir Bettache, le président de l'association Identités & Partage et de Regards sur le cinéma algérien, travaille dans le sens d'une large diffusion des films algériens. Il explique en ces termes le travail colossal effectué pour rendre possible une manifestation qui se déroule sur plus de deux mois : «Nous avons mobilisé un large réseau de ciné-clubs, salles de cinéma art et essai, médiathèques, dans plusieurs villes de notre région en invitant le public à découvrir et échanger avec les cinéastes des thèmes relatant la situation socioculturelle de l'Algérie actuelle». Les films algériens vont sillonner plus d'une vingtaine de villes de la région et cette distribution demande, selon Jacques Choukroun, l'un des organisateurs, une logistique impressionnante. Le prélude à cette grande manifestation a eu lieu le 27 janvier avec le vernissage de l'exposition de Tayeb Arab à l'espace Martin Luther King de Montpellier. L'artiste présente une œuvre multiple qui va des collages aux tableaux abstraits, en passant par la caricature et les aquarelles. La soirée s'est poursuivie avec la projection du film Machahou de Belkacem Hadjadj. Cette programmation n'est pas fortuite car elle a coïncidé avec la célébration dans la ville du nouvel an amazigh Yennayer qu'organise l'association Identités & Partage et qui draine, tous les ans, plus de trois cents participants. Une soirée conviviale d'échanges qui permet à la culture algérienne d'être mise à l'honneur. Les cinéphiles qui ont commencé, par ailleurs, à acquérir les places pour voir les films, attendent avec impatience le 7 février, date du début officiel de la manifestation. Comme chaque année, il y aura des longs métrages, des films documentaires et des courts métrages. L'inauguration se fera avec la projection en avant-première de la comédie musicale La Place (Essaha), un film qui a déjà conquis le public lors de sa première vision au festival Cinemed de Montpellier. D'autres, comme Harragas, Mimzrane reviennent une nouvelle fois – à la demande générale – pour leur esthétique et les thématiques abordées. La nouveauté pour le documentaire vient du cinquante-deux minutes, intitulé Un film malgré tout qui est en fait le making off de El Manara de Belkacem Hadjadj. Il met en lumière des questionnements concernant le travail des équipes techniques lors des tournages en Algérie. Cette mise en abyme est une première dans le cinéma algérien où des métiers comme celui de maquilleuse est mis en perspective. Les courts métrages auront aussi droit de cité avec de jeunes cinéastes très prometteurs, comme Yasmine Chouikh, Hassen Ferhani, Yanis Koussim et Mohamed Yargui. Le mérite d'une telle manifestation qui est de favoriser le cinéma algérien ne saurait se pérenniser si la production ne suivait pas, ainsi que la relève.