La cause sahraouie vient d'enregistrer une victoire «morale» mais aussi diplomatique non négligeable. La visite de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, dans les territoires occupés et libérés du Sahara occidental est inédite : il a rencontré des militants de toutes les associations des droits de l'homme, des membres d'associations civiles ainsi que l'icône du combat du peuple sahraoui Aminatou Haïdar. Mieux encore, l'émissaire onusien a reçu ses interlocuteurs non pas dans un hôtel surveillé par la police de sa majesté comme par le passé, mais au siège de la Minurso à El Ayoun. Le représentant du Front Polisario au sein de la Minurso, Mohamed Kheddad, que nous avons joint par téléphone, alors qu'il attendait l'arrivée de M. Ross dans les camps à Tindouf, n'a pas caché sa satisfaction. «Nous considérons cette première visite d'un émissaire des nations Unies dans les territoires occupés et libéré du Sahara occidental comme une victoire qui en appellera d'autres». M. Kheddad, qui était hier aux côtés de M. Ross lors de l'atterrissage de son hélicoptère à Tifariti, dit apprécier d'autant plus cette visite que l'envoyé spécial de Ban Ki-moon «est venu avec son propre agenda». «Il a travaillé librement avec tous les Sahraouis ; il a écouté tout le monde sans le moindre souci dans les territoires occupés», précise Mohamed Kheddad. Pour ce responsable, «la communauté internationale doit savoir ce qui se passe dans les territoires occupés du Sahara occidental. Et M. Ross, qui est revenu plus fort, a brisé le blocus sur les territoires occupés». L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU a exprimé mercredi sa «satisfaction» d'avoir visité la capitale sahraouie occupée, El Ayoun, selon un communiqué publié sur le site de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso). A son arrivée, Christopher Ross a été accueilli par Wolfgang Weisbrod-Weber, représentant spécial du secrétaire général pour le Sahara occidental et chef de la Minurso, qui avait servi auparavant au Timor oriental. «Je suis heureux de venir ici à El Ayoun pour visiter la Minurso et m'informer sur le travail de cette mission. Je suis impatient de rencontrer nos collègues, qui font un bon travail dans des conditions difficiles», a déclaré M. Ross selon un communiqué de la Minurso. Ce qui fut fait, hier en début d'après-midi, puisque l'hélicoptère du diplomate américain a survolé le «mur de la honte» pour atterrir dans les territoires libérés de Tifariti où il a été reçu par des «membres de la société civile et des militaires sahraouis au siège de la Minurso», selon notre interlocuteur. Il a survolé le mur de la honte Pour Mohamed Kheddad, la tournée réussie de Christopher Ross dans les territoires occupés, loin des regards menaçants de la police marocaine, constitue «une gifle pour le makhzen». Cela confirme, d'après lui, que le rapport de M. Ross au secrétaire général de l'ONU où il a pointé «la difficulté de mener sa mission librement a été pris en considération», commente Mohamed Kheddad. Pour autant, le représentant du Front Polisario au sein de la Minurso ne s'enflamme pas : «C'est un pas en avant dans la sensibilisation de la communauté internationale sur la situation dans les territoires occupés. Nous souhaitons que cette envie de liberté et d'indépendance exprimée par le peuple sahraoui et le mouvement associatif à M. Ross soit prise en considération.» Cela dit, Mohamed Kheddad nous a confié hier que Christopher Ross séjournera jusqu'à demain dans les camps de réfugiés. Il aura ainsi à rencontrer «tout le monde», notamment les associations des droits de l'homme, les autorités locales et la société civile. M. Ross clôturera sa visite par des rencontres avec le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, le Premier ministre et quelques membres du gouvernement sahraoui.