Les campagnes électorales de 2012 ont vu des discours outranciers prendre le pas sur les programmes politiques. la xénophobie est devenue banale l La droite décomplexée s'est lâchée. Selon le rapport du groupe de réflexion Graines de France, les campagnes électorales de 2012 ont été, sous l'influence du Front national, marquées par une ethnicisation du discours politique, saturé par des thèmes comme l'Islam, présentés «de façon négative». «La France traverse aujourd'hui une situation paradoxale où, d'un côté, les Français élisent comme personnalités préférées Yannick Noah, Zinedine Zidane, ou Omar Sy, alors que de l'autre on constate, telle la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans son dernier rapport annuel sur les actes racistes, que pendant longtemps la tendance était au recul des préjugés racistes, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui», note le rapport. «Ce double mouvement se retrouve lors des campagnes présidentielles et législatives de 2012 sans leur être spécifique. Aussi, dans un contexte où l'ethnicisation des discours contribue à atomiser la vision de la société française, la question du racisme et de la xénophobie n'est pas un enjeu du passé», poursuivent les rapporteurs. Intitulé «Altérité, racisme et xénophobie dans les campagnes présidentielles et législatives de 2012», ce rapport est le résultat d'une veille du discours politique dans trois quotidiens nationaux, sur les radios et télévisions entre janvier et juin 2012. Le Nord-Africain remplacé par le musulman Le diagnostic des experts est sans appel : «La droite parlementaire connaît une profonde transformation liée à un traitement musclé de l'altérité, convergeant vers le Front national, tandis que la gauche critique fortement sans pour autant proposer un nouveau paradigme de rapport à l'altérité». Les mots changent, pas la situation, le Nord-Africain est remplacé par le musulman : bien que depuis les années 1980 les thèmes relatifs à l'immigration, (contrôle aux frontières, préférence nationale), habituellement les plus propices aux dérives racistes et xénophobes, continuent à être mobilisés, de nouveaux thèmes ont émergé depuis les années 1990, avec entre autres la thématique de l'Islam et de sa difficulté supposée à s'intégrer à la société française. Aussi, après avoir fait disparaître la figure du Nord-Africain, celle de l'immigré tend à être effacée par une troisième, les «musulmans». Lire le rapport en entier : http://www.grainesdefrance.fr