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Hocine Benissad. Economiste et ex-ministre de l'Economie
« Les recommandations du FMI n'expriment que ses propres opinions »
Publié dans El Watan le 27 - 03 - 2006

Auteur de plusieurs ouvrages sur la monnaie et les questions de développement et d'ajustement structurel, Hocine Benissad a également été ministre de l'Economie dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali.
A travers cet entretien, il nous livre son analyse des recommandations qu'émet le Fonds monétaire international (FMI) quant à la mise en œuvre des réformes économiques en Algérie.
Dans quel cadre s'inscrivent les relations actuelles entre l'Algérie et le FMI et quels sont le poids et l'impact des visions de cette institution financière sur les décisions des politiques économiques en Algérie ?
Les rapports entre l'Algérie et le FMI procèdent aujourd'hui de l'article IV de statuts de ce dernier. En vertu de cette disposition, tout Etat membre du FMI (et l'Algérie a cette qualité depuis 1963) entretient avec cette institution des liens au niveau des consultations périodiques et lui communique régulièrement, de manière routinière, des données statistiques. A ce titre, elle est habituée à dépêcher une fois l'an, auprès de chaque Etat membre, une mission pour s'informer de la situation de l'économie et des politiques qui y sont déployées. Cette mission débouche sur un rapport comprenant aussi des recommandations. Ce rapport transmis à l'Etat membre fait ou non l'objet d'une diffusion, selon le vœu de ce dernier. Dans le contexte de l'article IV, les recommandations du FMI n'expriment que ses propres opinions que l'Etat même est libre de ne pas accepter.
Le FMI conditionne toute hausse des salaires aux critères de compétitivité et de productivité hors hydrocarbures. Quel est votre point de vue sur cette question ?
La thèse du FMI est tout à fait classique et renvoie à l'étude de l'évolution de la compétitivité ou de la productivité par activité, par branche. D'un autre côté, il est admis dans les nations modernes, depuis au moins les années 1930, que le salaire doit représenter un pouvoir d'achat minimum, garantissant une vie digne et décente au salarié. Le refus d'une telle démarche, au nom de la mondialisation et de la nécessaire compétitivité, est synonyme, ici et là, d'une tentative de restauration des salaires "d'airain" du XIXe siècle, d'une précarisation de la force de travail. Le monde a changé, les mentalités se sont modifiées même s'il y a - y compris dans les pays à législation sociale protectrice - des velléités d'aller vers un système social rappelant celui de l'ordre économique ancien. Le "thacherisme" britannique avait partout des émules. Pour revenir à l'Algérie, cette question a été compliquée par le fait qu'à l'occasion des différents programmes de réformes appuyés par le FMI, les salaires ont été contrôlés alors que les prix ont connu, du fait de leur libéralisation et de la dépréciation du taux de change, une majoration impressionnante qui a induit une forte paupérisation et détruit, au passage, la classe moyenne. Il faut donc se demander si un salaire minimum de 10 000 DA, soit de cent euros, garantit un pouvoir d'achat minimum (en sachant que le coût actuel de la vie est élevé et reflète, surtout depuis 1994-1996, le niveau des prix à l'étranger, en Europe par exemple). Fixer le salaire d'un ingénieur débutant à l'équivalent de 120-250 euros alors qu'en Europe, il percevrait 10 fois plus, est-il réaliste ? Est-ce à dire que notre ingénieur débutant (dans les mêmes conditions d'organisation de l'entreprise) serait dix fois moins productif que son homologue européen ? Je vous laisse le soin d'y répondre en sachant que ce qui vaut pour un ingénieur vaut pour la hiérarchie des salaires et traitements. Cela dit, il est vrai que la situation sociale n'est pas satisfaisante et qu'une des manières efficaces d'y faire face est aussi de relancer l'investissement productif.
Il est également recommandé par la même institution, lors de la dernière mission effectuée en Algérie il y a quelques mois, d'œuvrer pour une liberté totale de la convertibilité du dinar. Quelle est la portée de cette recommandation ?
Le FMI ne plaide pas en faveur d'une convertibilité totale du dinar, comme vous le soutenez. Il ne conseille que la convertibilité du dinar sur les opérations courantes, c'est-à-dire les transactions qui ont trait aux marchandises et aux services ainsi qu'aux transferts unilatéraux, aux donations, les mouvements de capitaux étant exclus de cette recommandation, car les rédacteurs des statuts du FMI se sont souvenus, en 1944, que la grande dépression qui a ravagé la planète et conduit à la Seconde Guerre mondiale a pris ses origines dans des flux libres, erratiques de capitaux, ayant commencé en Allemagne. Le discours actuel du FMI résulte de l'article 8 de ses statuts qui oblige tout Etat membre à pratiquer la convertibilité courante de sa monnaie. Cette obligation est tempérée, cependant, par un autre article (article 14), qui permet à tout Etat membre d'obtenir, quand sa situation financière est défavorable, une dérogation - en principe temporaire - pour déployer un contrôle des changes. L'Algérie, comme nos voisins, a obtenu cette dérogation. A l'occasion de ses différents programmes d'ajustement structurel conditionnels (en 1989, 1991, etc.) le FMI a appelé l'Algérie à assouplir son contrôle des changes. Ce dernier a été effectivement allégé depuis 1994-1997. Le FMI estime aujourd'hui qu'au vu du niveau des réserves de changes et peut-être des perspectives du marché pétrolier, l'Algérie devrait introduire la pleine convertibilité courante du dinar. Bien que je crois indispensable d'assouplir davantage le contrôle des changes actuels, l'Algérie n'a pas tort d'afficher une position prudente en la matière, car ses ressources externes restent volatiles (dès lors que ses exportations sont dominées par les produits pétroliers). Les débats ne concernent donc que la convertibilité sur les opérations courantes de l'article 8 des statuts du FMI. Il faut dire, toutefois, que depuis une dizaine d'années, certains Etats membres ont proposé à cette institution d'étendre l'actuelle obligation de convertibilité aux mouvements internationaux de capitaux (notamment aux investissements à l'extérieur).
Faut-il, selon vous, revoir la gestion du Fonds de régulation des recettes, comme le suggère le FMI ?
Le "background" du Fonds de régulation des recettes budgétaires (établi d'ailleurs dans plusieurs pays exportateurs de pétrole) est simple : il s'agit de mettre de côté, lors des années de "vaches grasses", de haute conjoncture, les excédents budgétaires, de les épargner en vue de les utiliser lorsque surviennent des années de "vaches maigres", de basse conjoncture. Cette politique est, a priori, celle d'un "bon père de famille". Elle a une base théorique, celle du budget anti-cyclique d'une gestion budgétaire qui colle à l'évolution conjoncturelle. Il y a derrière cette démarche l'hypothèse de l'existence d'un cycle économique marqué par des hauts et des bas ou d'un risque de cycle.
Qu'en est-il de la question d'accélérer les privatisations des entreprises et des banques, sur laquelle le FMI ne cesse d'insister ?
Le FMI, comme la Banque mondiale, incite à la privatisation des firmes publiques sur la base d'un postulat idéologique propre à l'économie de marché capitaliste et selon lequel le capital privé, l'initiative privée garantissent l'efficacité et la compétitivité de l'entreprise. Sur ce postulat, il y aurait beaucoup de choses à dire. Je préfère lui opposer le pragmatisme qui aurait dû et devrait encore guider la réforme de l'entreprise publique. La volonté politique de privatiser le secteur public ne suffit pas à elle seule à obtenir des résultats satisfaisants. Il faut également qu'il y ait en face des repreneurs acceptant d'acquérir les entreprises concernées, caractérisées par des équipements obsolètes, aux conditions sévères contenues dans les cahiers des charges. Le repreneur éventuel a plus intérêt, comme dans d'autres pays, à créer ex nihilo une nouvelle entreprise. Sur le front de la privatisation, le bilan est donc mitigé et une telle performance, plutôt modeste, est le lot de beaucoup de pays en développement ou en transition. Dans ce contexte, il y a lieu de poser la question de savoir si, en l'absence de progrès du processus de privatisation ou dans l'attente de la privatisation, il faille à l'Etat propriétaire rester dans l'expectative et ne pas mettre en œuvre une véritable mise à niveau tant du management, de la gouvernance de l'entreprise que de sa technologie, de ses moyens de production pour en conforter, dans un marché ouvert, sa fonction de source de richesses et d'emplois permanents. Car, il faut le rappeler, le niveau de développement économique de l'Algérie (qui est ce qu'il est) est, d'abord et avant tout, l'aboutissement des efforts du secteur d'Etat, de ses investissements physiques et de ses investissements humains, des sommes colossales dépensées dans la formation de l'homme qui ont permis - malgré les dires de certains - de constituer un réservoir important de compétences.
Le Fonds monétaire international conseille de mieux répartir dans le temps les dépenses publiques charriées par le plan quinquennal de soutien à la croissance économique 2005-2009. Comment analysez-vous une telle recommandation ?
La dépense - dont vous parlez - est appelée à s'étaler sur cinq ans, bien qu'il soit probable que certains projets d'équipements ne s'achèvent qu'après cette période (pour des raisons bureaucratiques ou techniques) : le sous-équipement, les goulots d'étranglement existant dans le champ des infrastructures (réseau routier à Alger par exemple) justifient ce programme qui devrait combler les retards et anticiper les nouveaux besoins. Il se peut que les dires du FMI - auxquels vous faites référence - soient dictés par l'idée qu'il n'existe pas en Algérie une capacité d'absorption et de réalisation suffisante pour réaliser de façon efficace, en cinq ans, les investissements étatiques envisagés. Ce qui me semble plus impératif, c'est de faire en sorte que ces dépenses publiques d'équipement soient accompagnées par des investissements productifs, nationaux et étrangers. Parvenir à un tel résultat exige la mise en place d'un mécanisme exceptionnel et d'urgence, en vue de promouvoir l'investissement productif, créateur d'emplois permanents et de richesses. Il est, en effet, vital d'organiser une réponse de l'offre de produits nationaux à une demande domestique (qui risque d'exploser sous le poids de la dépense publique). Faute d'organiser rapidement une telle réponse, nous assisterons, si ce n'est à la résurgence de pressions inflationnistes (contenues, quelque peu, par la concurrence externe) du moins à un gonflement sans précédent des importations, alors que nos recettes d'exportations sont - par nature- instables, même si, ces dernières années, elles ont connu une embellie.
Pourquoi préconiser un tel mécanisme ?
Tout simplement parce qu'il y a nécessité de lever les entraves irrationnelles à l'investissement productif, à l'entrée sur le marché, à la concurrence, c'est-à-dire d'harmoniser, dans ce domaine, les actes avec les paroles.


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