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« La dévaluation du dinar va aggraver le pouvoir d'achat »
Camille Sari. Expert financier et professeur à la Sorbonne
Publié dans El Watan le 01 - 02 - 2009

Spécialiste des questions financières et enseignant à la Sorbonne, Camille Sari décortique dans cet entretien le marché des changes. Il considère qu'aller vers une dévaluation du dinar comme une panacée pour stimuler l'économie nationale est « une aberration » qui va pénaliser à la fois les consommateurs et stimuler l'inflation. Il prévient également contre « le risque » auquel sont exposés les placements de l'Algérie en bons du Trésor américains.
Les autorités algériennes en charge de la monnaie auraient procédé à une dévaluation du dinar. Quelles seraient les incidences de cette décision sur le pouvoir d'achat des citoyens ?
La dévaluation a été préconisée dans le passé par le FMI. Il avait prôné, dans le cadre de politique d'ajustement structurel, des recommandations qu'on connaît bien, telles celles liées à la privatisation des entreprises ainsi que le retrait de l'Etat, etc. Ces mêmes recommandations ont bien montré leur échec, de l'avis même du FMI. Il y a eu ensuite cette recommandation qui porte sur la nécessité de dévaluer la monnaie algérienne. Pourquoi ? Elle (la dévaluation) avait pour but de stimuler les exportations. Le FMI dit simplement que si vous dévaluez, vous allez exporter davantage et avec les devises engrangées vous pouvez rembourser vos dettes.
Dans une de mes thèses, j'ai établi le bilan des recommandations du Fonds monétaire international où j'avais démontré que ces mêmes recommandations, celle qui porte surtout sur la dévaluation de la monnaie, ont contribué à la décroissance au détriment du développement économique. Ces recommandations étaient plutôt des schémas préfabriqués. Autrement dit, on appliquait le même remède à tous les malades. Pour le cas Algérie, il s'agit là d'une aberration en pensant que la dévaluation du dinar est capable d'encourager les exportations. Les problèmes sont multiples. D'abord, l'Algérie est un pays exportateur d'un seul produit, à savoir les hydrocarbures. Un autre problème lié à la qualité des produits que l'on veut exporter ainsi qu'à l'insuffisance du réseau de l'exportation vers l'étranger vient compliquer davantage la donne.
A mon avis, le taux de change actuel est équilibré et reflète quelque peu la valeur du dinar. Il répond surtout aux conditions du marché. En cas de dévaluation, cela va aggraver le pouvoir d'achat des citoyens. Une dévaluation veut dire que le prix des importations va augmenter. Cela va pénaliser les consommateurs et stimulera l'inflation. Pour les produits de première nécessité subventionnés, l'Etat sera obligé de compenser la hausse des prix des produits importés pour éviter des tensions sociales. Cela creusera davantage le déficit de l'Etat. Dans toutes les théories économiques, les économistes n'ont jamais préconisé la dévaluation pour stimuler l'économie, parce que nous avons ce que nous appelons la courbe en U, très connue chez les spécialistes.
C'est-à-dire que la dévaluation commence par faire augmenter les exportations, mais ceci n'est pas applicable pour le cas de l'Algérie. On peut imaginer une demande de procéder à la dévaluation émanant de certaines entreprises qui craignent la perte de parts de marché dans le cadre de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange. A mon sens, il faut aider les PME algériennes à se développer par le biais d'une panoplie de mesures. La dévaluation est comme une drogue, ça dure un moment mais ce n'est pas une disposition en mesure de résoudre tous les problèmes.
Dans ce contexte de crise mondiale, les prix des matières premières sont de tendance descendante sur les marchés internationaux. Cette tendance n'est pas la même sur le marché algérien. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Cela s'explique par le comportement des entreprises importatrices. Les importateurs ne reproduisent pas les mêmes prix appliqués sur les marchés internationaux. Ce que je peux constater c'est qu'en Europe, il y a une baisse importante des produits alimentaires, ceux de l'automobile et de tous les autres destinés à la consommation des ménages. On se demande dès lors pourquoi cette même tendance ne se répercute pas en Algérie. Vu qu'il y a une ambiance d'euphorie sur la richesse du pays, les importateurs ne baissent pas leurs prix. Pis, ils augmentent leurs marges à tort et à travers et le résultat est que maintenant on a des niveaux de prix plus chers qu'en Europe.
Pourriez-vous nous expliquer de quelle manière les pouvoirs publics peuvent déterminer la valeur de la monnaie nationale aux fins d'opérer telle ou telle intervention ?
La Banque d'Algérie a une formule qu'elle connaît bien. Mais la valeur d'une monnaie peut être connue en faisant référence au taux de change du dinar par rapport à un panier de devises et dans ce panier, d'après mes analyses, les composantes principales sont l'euro et le dollar. Dès que l'euro ou le dollar gagne quelque peu sur l'échelle de la valeur, l'un par rapport à l'autre, cela a des effets sur le dinar. L'évolution du dinar intervient donc en rapport avec celle de l'euro et/ou du dollar.
Le marché parallèle des changes est en train de se développer au fil des jours. Comment analysez-vous ce phénomène ?
J'ai déjà appelé à la nécessité d'accorder des autorisations pour l'ouverture de bureaux de change comme cela se fait dans beaucoup de pays. Si cela venait à se concrétiser, il permettra un assainissement du marché et une meilleure transparence.
L'Algérie a déposé une bonne partie de ses réserves de change en bons de Trésor américains. Pensez-vous que ces dépôts encourent un quelconque risque ?
La FED, Banque centrale américaine, a accepté récemment d'acheter des bons de Trésor américains, c'est ce qu'on appelle la monétisation de la dette. Cette décision, qui consiste à faire tourner la planche à billet, va permettre de créer des dollars ex nihilo sans contrepartie. A mon avis, cela va être au détriment de tous les prêteurs internationaux, comme le Japon, la Chine, les Emirats arabes unis, tous les pétrodollars et l'Algérie aussi. Il n'est pas exclu si la crise va en s'approfondissant que nous soyons touchés par ce que j'appelle la République de Vaymar.
L'Etat allemand ruiné par les remboursements de la dette de la Première Guerre mondiale, la Banque centrale allemande a créé une quantité de monnaies sans aucune contrepartie réelle. Ce n'est pas exclu que l'on atteigne une autre faillite du système bancaire. C'est-à-dire que le dollar n'aura aucune valeur. Peut-être que c'est même voulu. Les Américains disent qu'ils vont injecter des milliards dans le circuit économique pour générer de la croissance dans 10 ans. Mais pendant ce temps, ils vont rembourser la planète avec de « la monnaie de singe » (une monnaie sans valeur). Ce risque est réel parce que tous ceux qui ont préconisé la fin de la crise bancaire sont en train de se rendre compte qu'elle n'est pas à la phase finale. Les experts disent que la crise bancaire est derrière nous, mais il y a bel et bien une autre crise réelle qui est devant nous.
On n'est pas à l'abri d'une gigantesque bourrasque financière. C'est pour cette raison que je préconise d'investir dans les secteurs financiers réels, comme la création de deux fonds souverains et surtout de privilégier la production nationale.


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