Des sites paradisiaques disparaissent devant l'avancée du béton, sans compter l'abattage clandestin des arbres et la dilapidation du patrimoine forestier, dans l'incurie générale. Située à quelques encablures du chef-lieu de la wilaya de Souk Ahras, Aïn Seynour, une agglomération relevant de la commune de Mechroha, qui abrite plus 10 000 habitants, n'a pu accéder au statut de commune et ne peut se targuer d'être hissée au rang de zone touristique malgré ses potentialités indéniables. Les contestations cycliques de ses citoyens sont, présume-t-on, l'expression d'un sentiment de marginalisation. Victime, en 1984, d'un découpage administratif qui n'avait tenu compte ni des spécificités tribales, ni des animosités existantes entre groupes sociaux, ni encore de la densité de sa population, elle avait été sacrifiée pour les besoins électoraux de l'époque sur l'autel de l'arrivisme des apparatchiks du FLN. Après 28 ans de gestion approximative, «la vitrine» du chef-lieu de la wilaya en pâtit. Une seule route sinueuse, en l'occurrence un tronçon de la RN 16, tient lieu d'espace commercial où se rencontrent les gens dans la promiscuité et les bousculades. Les véhicules qui prennent la direction des wilayas de Annaba ou de Guelma doivent impérativement réduire à néant la vitesse, sous peine de heurter des passants. «Même si la route n'est pas coupée par des manifestants sur cet axe, vous êtes obligé d'y passer 20 à 30 minutes pour pouvoir quitter cette agglomération», remarque un automobiliste. Des sites paradisiaques périssent devant l'avancée du béton qui est déjà aux abords d'El Mazraâ, le poumon de Souk Ahras et l'une des forêts restées vierges jusqu'à ce que la démission des autorités devienne effective. Lors de plusieurs sessions de l'APW, le problème de l'abattage clandestin des arbres et de la dilapidation du patrimoine forestier a été soulevé. Le wali lui-même en a parlé sans que l'opinion publique soit destinataire d'une quelconque information s'agissant des mesures salvatrices qu'aurait adoptées les responsables. Des citoyens qui parlent de ruptures en alimentation en eau potable et de détérioration du réseau routier sont autant responsables de ces anomalies. « Il en est parmi eux qui s'adonnent à des travaux d'extension anarchiques et des constructions illicites érigées sur les réseaux de canalisation », nous confie un vieux natif de cette région. L'arrivée en masse de nouveaux acquéreurs de logements et de lots de terrain, prouve les qualités incommensurables de Aïn Seynour dont la réputation de ses bienfaits thérapeutiques a dépassé les limites de la wilaya. Fera-t-elle un grand quartier résidentiel de banlieue avec les commodités requises ? Ou sera-t-elle l'agglomération par où commencera l'essor économique de la commune de Mechroha ? Seuls les marionnettistes installés à 700 km de la wilaya de Souk Ahras ont une réponse. Le reste n'est que décor et gestion de carrières.