COA, crise à la Fédération de handball, handisport, projet de nouveaux stades... Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, répond sur tous ces sujets et d'autres encore, deux mois après son installation à la tête du secteur. -Quelle évaluation faites-vous du travail accompli depuis votre prise de fonction en septembre dernier ? Nous restons sur la même politique, c'est-à-dire terminer ce qui a déjà été entamé en matière d'infrastructures sportives et surtout l'élaboration de la nouvelle loi sur le sport. La nouvelle politique initiée en matière de formation reste la massification de la pratique sportive et l'émergence d'un sport de haut niveau. -L'actualité, c'est le conflit du COA opposant le président Rachid Hanifi aux membres du bureau. En tant que premier responsable du secteur, comment percevez-vous ce conflit ? Cela démontre que la gestion du sport national est démocratique. Elle laisse la latitude de gérer. A partir de là, on peut avoir des conflits d'intérêt, de vision ou d'avis divergents. Ce qui est malheureux, c'est qu'à chaque fois, on demande l'arbitrage des instances internationales, alors que nous avons, au niveau de l'assemblée générale, le cadre réglementaire nécessaire pour régler ce genre de problèmes. -Il y a aussi la sortie médiatique de l'IHF, par le biais de son président, avec la menace de suspension à l'encontre de l'Algérie... Il est malheureux que des dysfonctionnements graves soient enregistrés. Aussi, au lieu de trouver des solutions, on cherche des faux-fuyants. Les gens qui ont saisi la Fédération internationale de handball ont donné de fausses informations, qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il y a neuf ou dix membres fédéraux élus qui ont été exclus. Cela démontre qu'il y a un malaise. Il n'y a plus de championnat depuis quatorze mois, des forfaits à la pelle. Tout cela démontre qu'il y a à la base une mauvaise gestion. -Comment voyez-vous la sortie de crise de la Fédération algérienne de handball ? Les procédures sont en cours ; on mettra un terme à tout cela dans les prochains jours, et ce, conformément à la réglementation en vigueur. Il y aura d'abord le renouvellement des instances. Dans ce cadre, l'assemblée générale aura toute latitude de prendre les mesures nécessaires pour régler ce problème de dysfonctionnement. Que les gens sachent que nul n'est au-dessus de la loi. Les dirigeants qui ne respectent pas les statuts de leur propre fédération sont donc hors la loi. -Il y a aussi le problème de la Fédération de judo et des boules… Il y a quelques années, un tribunal arbitral a été créé au niveau du Comité international olympique. Il a été demandé ensuite à tous les pays qui font partie du Comité olympique de créer leur propre tribunal arbitral. Ce qui a été fait en Algérie. C'est une institution qui permet de régler les litiges sportifs. Il y a eu un conflit sportif à l'intérieur d'une fédération sportive, il a été traité par le tribunal. Il faut respecter sa décision. S'il y a un recours à faire, il faut saisir le tribunal de Lausanne, comme cela a été fait il y a quelques années avec l'histoire du RC Kouba. C'est ça la règle. Celui qui ne veut pas respecter les règles n'a pas sa place au niveau du mouvement sportif national. Il faut savoir que sur plus de 300 décisions prises par le tribunal arbitral, il y a seulement trois fédérations qui ne veulent pas reconnaître ses décisions, alors que 90% des affaires concernant le football ont toutes été acceptées. -Taoufik Makhloufi a sauvé la participation algérienne aux JO avec sa médaille d'or. Que faudra-t-il faire pour qu'une telle performance ne soit plus l'arbre qui cache la forêt ? C'est pour ça que j'avais dit que notre mission est d'asseoir une politique qui nous permettra de hisser les athlètes à un très haut niveau. Le ministère de la Jeunesse et des Sports avait lancé, en 2009, des classes sport-études. Aujourd'hui, nous en avons une centaine. L'objectif est d'aller maintenant vers plusieurs lycées sur le territoire national. Tout ceci afin de permettre aux jeunes de pratiquer de manière régulière du sport. Par la suite, s'il y en a parmi eux qui peuvent aller plus loin, on les regroupera dans un établissement pour suivre un enseignement de qualité tout en continuant à pratiquer leur discipline sous le contrôle technique des fédérations. C'est dans ce cadre, qu'on a ouvert en septembre dernier la première Ecole nationale olympique à Sétif avec 57 jeunes talents. L'objectif est d'atteindre 300 lors de la rentrée scolaire prochaine. Parallèlement à cela, on doit arriver à créer 13 centres de regroupement des athlètes afin de pouvoir mieux les préparer. -Le handisport a réussi une belle participation à Londres. Son président de la fédération avait souhaité que les athlètes puissent bénéficier d'un centre pour se préparer afin de réussir de meilleures performances et aussi revoir à la hausse les primes attribuées aux athlètes… Il a parlé seulement une fois que le ministre a annoncé qu'il fallait revoir les indemnités. Lors de la dernière assemblée générale, le ministre avait informé qu'on devrait réfléchir pour que l'indemnité au niveau de cette activité sportive soit identique à celle des valides. Une médaille d'or aux Jeux paralympiques doit avoir la même récompense que les autres. Ceci a été annoncé officiellement et ce n'est qu'un minimum. Concernant les centres de regroupement, pourquoi faire la différence ? Nous avons des centres, alors pourquoi ne pas inscrire nos athlètes en leur donnant la possibilité d'être hébergés et d'avoir un enseignement correct. Dans ces nouveaux centres, il faudra, néanmoins, penser aux spécificités de ces disciplines. -Que faut-il faire pour endiguer le phénomène du dopage ? Une nouvelle loi sur le sport est déjà ficelée. Toute une partie est réservée au dopage. Elle devra déterminer les responsabilités des uns et des autres. Par ailleurs, en 2006, un projet de création d'un centre antidopage a été décidé. On souhaite avoir le plus tôt possible l'agrément du dossier au niveau des instances internationales pour que ce laboratoire puisse être opérationnel en 2013. Au niveau des fédérations, on doit aussi posséder un personnel spécialisé pour qu'on puisse avoir une vraie politique de prévention. -Vous avez reçu les représentants des clubs de football. Avez-vous réussi à convaincre ces derniers, sachant qu'ils n'ont pas cessé de tirer la sonnette d'alarme en raison de la situation difficile que leurs clubs traversent ? L'Etat s'est engagé à mettre en place un véritable professionnalisme. Il y a un conseil interministériel qui a déterminé des règles en 2010. Ces dernières n'ont pas été respectées à 100%. Elles doivent l'être de part et d'autre. Même si on accuse un retard, il faudra le combler et trouver des solutions rapidement. Mais c'est malheureux qu'on soit entré dans le professionnalisme avec un fonctionnement amateur. Tout l'argent mis pour le lancement du professionnalisme a été utilisé uniquement pour attribuer des salaires faramineux. Donc, il faudra revenir à un cadre réglementaire. Il faut aussi ouvrir le capital et laisser les investisseurs venir. La Fédération algérienne de football a installé une commission ad hoc et nous avons un représentant à titre d'observateur qui a fait des propositions. Ces dernières seront étudiées pour trouver rapidement une véritable autonomie des clubs professionnels. -Le football, ce sont aussi les infrastructures. Il y a plusieurs stades qui sont en chantier. Où en sont ces projets ? Aujourd'hui, six stades sont en projet, dont quatre en chantier et deux au stade de projet. Les chantiers de Tizi Ouzou, Oran, Baraki et Douéra avancent. Il y a des contraintes, mais elles ne sont pas majeures. Pour le stade de Sétif, par contre, il y a eu des lenteurs administratives. Les marchés sont parfois infructueux. L'étape de l'étude est maintenant terminée, j'espère que la réalisation se fera rapidement. Pareil pour celui de Constantine. Donc, dans un avenir proche, on aura quatre stades, et à moyen terme, on réceptionnera les deux autres. C'est qui est inscrit dans la loi de finances 2013.