C'est bien la première fois qu'une instance parlementaire va aussi loin. Le projet de la nouvelle loi sur le sport est en débat au niveau de la commission de la jeunesse et des sports de l'APN. Information banale nous direz-vous, car quoi de plus normal qu'un projet d'un nouveaux texte législatif, étudié dernièrement en conseil des ministres, passe par la commission ad hoc du parlement avant d'être le thème central d'une séance plénière de ce dernier? C'est là un parcours habituel et il n'y aurait peut-être pas matière à lui accorder plus d'importance qu'il n'en faut. Seulement, ce lundi après-midi, à la salle de réunion de ladite commission, les choses ne se sont pas passées comme on aurait pu le croire. Les us et coutumes de l'APN font croire que cette institution est un cercle fermé, opaque à toute vision venant de l'extérieur. Déjà la première nouveauté résidait dans le fait qu'autour de la table il y avait des représentants de la première de nos instances sportives, le Comité olympique algérien parmi lesquels le président de celui-ci, M.Mustapha Berraf qui se trouvait dans un milieu qu'il côtoie presque quotidiennement, étant lui-même député. Face à eux, il y avait naturellement les habituels débatteurs dans de telles circonstances, à savoir les membres de la commission parlementaire, dont le président M.Nourreddine Benbraham, ainsi que ceux qui étaient chargés de défendre le projet, ses propres concepteurs, les représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports. Et puis, grosse surprise, il y avait également des représentants des médias invités, non pas pour se limiter à enregistrer ce qui se disait, mais pour intervenir lorsqu'ils sentaient que cela était nécessaire. Incontestablement, la commission de la jeunesse et des sports a introduit une nouvelle manière de voir dans la vie parlementaire estimant qu'il fallait écouter les acteurs de la société civile mais également les journalistes dont l'avis est à prendre en considération estime-t-elle. Ce n'était pas là un coup d'éclat ponctuel de sa part, car dès hier, elle a poursuivi son cycle de débats en recevant certains experts du mouvement sportif national comme M.Mustapha Larfaoui. Elle se propose ensuite d'inviter tour à tour, des présidents de fédérations sportives, des présidents de clubs de football à raison de 3 pour l'Ouest, 3 pour l'Est, 3 pour le Sud et 7 pour le Centre en affirmant son intérêt pour les médias. Elle discutera du projet exclusivement avec les journalistes lundi prochain dans la matinée. Le tout sera couronné par la réception de cinq de nos ministres, tous impliqués dans cette loi, à savoir la Jeunesse et des Sports, l'Education Nationale, celui de la Formation Professionnelle, l'Intérieur et les Finances. M.Benbraham fera savoir que la démarche de sa commission vise à entendre un très large éventail de personnalités capables d'apporter les correctifs nécessaires à une loi qui n'en est qu'au stade de projet, estimant que notre pays a eu la particularité d'en promulguer trois en moins de 15 ans, ce qui constitue un sacré record qui démontre que la précipitation et le manque de concertation ont fait que les textes précédents ont eu du mal à être appliqués. Toujours est-il que les représentants du COA ont fait un large tour d'horizon du texte proposé et ont relevé certains points dont deux longuement débattus. Le premier a tourné autour des observatoires de wilaya et national du sport. Les intervenants ont fait savoir que celui de la wilaya n'avait aucune raison d'être cité dans la mesure où il n'a jamais existé. Quant au second, ils ont estimé qu'il n'était qu'un organe parallèle au MJS, créé par ce dernier pour une mission bien précise à titre consultatif, activité si discrète qu'on n'en a pas trop entendu parler. Ils ont relevé que l'une des rares fois où il lui est fait appel, c'était pour sanctionner une structure ou un individu. Ils proposent que le MJS demande l'avis du COA et non celui de l'observatoire, une émanation du ministère. Le second point qui a longuement retenu l'attention est celui se rapportant au fonds national dont les débatteurs feront valoir sa conception budgétaire. Ils ont trouvé anormal que le projet de loi propose que l'une des sources de financement de cette structure émane des recettes enregistrées aux guichets des stades. «Au lieu que ce soit le fonds qui finance les clubs, c'est le contraire qui se produira», ont-ils fait remarquer. La discussion s'est aussi penchée sur des sujets aussi variés que le dopage, les missions du COA, les contrôles du MJS sur le COA, les fédérations sportives, les ligues et les clubs, les recettes publicitaires, les concessions de stades, les agents d'athlètes, le sport scolaire et les relations internationales. L'expérience tentée par la commission de la jeunesse et des sports a un aspect enrichissant. Elle ouvre de nouvelles perspectives sur le rôle que peuvent tenir certains acteurs de la scène sportive et que l'on gagnerait à écouter dans le cercle restreint du Parlement. Ce fut là un coup plus que réussi qui devrait être imité plutôt que combattu.