Le compte à rebours a commencé. La campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre prochain tire à sa fin. Les partis politiques et leurs candidats aux assemblées locales (APC et APW) ne disposent plus que d'une semaine pour tenter d'accrocher un électorat qui ne bronche toujours pas. En effet, après quinze jours de campagne, des leaders de parti politique n'arrivent pas à mobiliser les électeurs potentiels. Et ils ne fournissent, visiblement, aucun effort pour capter l'intérêt des citoyens. Les discours développés durant les deux premières semaines de la campagne portent sur tout, sauf sur les questions qui concernent directement le citoyen : la gestion des collectivités locales. Certains responsables politiques préfèrent même parler de la piteuse situation du stade du 5 Juillet au lieu de détailler les propositions de leurs partis respectifs pour une meilleure gestion de la cité. «Par rapport aux dernières législatives et même aux précédentes élections, il n'y a rien de nouveau qui puisse changer le comportement des citoyens. Ces derniers se rendent de plus en plus compte que le système s'enfonce dans la médiocrité et qu'au lieu d'évoluer vers un mieux, il plonge allègrement vers le pire. Il suffit de poser à ceux que l'on rencontre la question de savoir s'ils suivent la campagne électorale qui est censée se dérouler présentement, et si donc ils iront voter le 29 novembre. Les réponses, dans la quasi-totalité des cas, sont négatives», estime le politologue Rachid Grim. Pourquoi ? Selon lui, les discours développés jusque-là ne contiennent que des généralités que le citoyen a déjà entendues par le passé. «Les compétiteurs – partis et candidats – pour des sièges aux APC et APW ne représentent qu'eux-mêmes. Leurs discours sonnent creux, et qu'ils ne font que se répéter d'élection en élection. Ils (les discours, ndlr) n'évoluent pas. C'est la même langue de bois. Ce sont les mêmes promesses creuses d'une vie meilleure, de prise en charge des vrais problèmes des citoyens, de lutte contre la corruption, de justice et d'égalité. Les mêmes critiques – qui proviennent parfois de candidats des partis au pouvoir – contre les injustices du système, suivies d'une promesse de changement, que tous savent vides et inopérantes», note encore Rachid Grim. «Des candidats professionnels quête d'avantages» Outre la médiocrité des discours, la qualité des candidats n'incite pas non plus les électeurs à aller voter. Selon le politologue, il y a des candidats professionnels qui changent de partis seulement pour garder leur poste au sein des APC. «Dans la plupart du temps, il s'agit de candidats ‘‘professionnels'', qui très souvent ‘‘nomadisent'' d'un parti à un autre sans jamais avoir démontré quoi que ce soit d'intéressant pour les citoyens. Certains d'entre eux sont des élus de mandatures précédentes que leurs partis d'origine n'ont pas voulu reconduire en tant que candidats et qui, donc, se présentent sous une étiquette différente. Uniquement pour assouvir une ambition personnelle ou pour continuer de profiter des effets bénéfiques du pouvoir, pour leur situation matérielle», ajoute-t-il. Rachid Grim relève également la grande tromperie concernant les candidatures féminines qui ont servi, beaucoup plus, au remplissage des listes. «Dans la grande majorité des cas, les candidates ne sont là que pour faire du remplissage. Elles n'ont ni le profil ni les compétences requises pour devenir des élues sur lesquelles les citoyens pourraient compter pour défendre l'intérêt général en lieu et place des intérêts particuliers», explique-t-il. Soulignant l'incapacité de la classe politique à changer les règles du jeu et le statu quo imposé par le régime, Rachid Grim conclut que «ces élections favoriseront encore une fois l'auto-renouvellement du système». «Les élus qui sortiront des élections du 29 novembre ne feront qu'occuper des fauteuils. Tous ceux – espérons au moins qu'ils seront assez nombreux – qui voudront vraiment réaliser des choses au profit de leurs administrés, rencontreront d'énormes difficultés à le faire», dit-il. Le président du centre de recherche Amel El Ouma, Smaïl Hariti, abonde dans le même sens. Selon lui, ces élections « ne changeront rien à la vie du citoyen». «Elles permettront seulement au système de se maintenir et les partis politiques qui prennent part à ce scrutin le savent. Les élections en Algérie n'apporteront pas le changement voulu. C'est pour cela qu'on constate que les partis ne se donnent pas la peine de faire des propositions concrètes», commente-t-il.