A la veille du lancement, aujourd'hui, de la campagne électorale des élections locales (APC, APW), aucun indice logistique n'indiquait, dans les différentes communes d'Alger visitées, notamment El Madania, Sidi M'hamed et Hydra, que des élections allaient se tenir le 29 novembre prochain. Ainsi, les panneaux d'affichage numérotés et installés étaient vierges. Aucune affiche des candidats en lice n'y était visible. Par ailleurs, il a été observé aussi qu'aucune affiche «sauvage» n'a été collée sur les murs ou tout autre support, a contrario des élections législatives où des affiches avaient été collées avant même le début de la campagne, et les murs avaient été tagués pour la circonstance. Les citoyens interrogés n'affichent pas d'enthousiasme quant à ce scrutin qui touche de très près le citoyen. Au niveau de la commune d'El Madania, un quadragénaire habitant le quartier a indiqué voter depuis une vingtaine d'années et s'intéresser à chaque vote. Cependant, pour ces élections, il ne connaît ni les candidats ni leurs programmes. Il attend le lancement officiel de la campagne pour faire son propre jugement. «Les gens n'ont pas encore été sensibilisés pour ce scrutin. Je n'ai aucune information me permettant de faire le bon choix, mais j'irai voter et j'inciterai ma fille à faire de même afin de lui inculquer le comportement citoyen», a-t-il dit. De leur côté, des jeunes rencontrés sur les lieux ont indiqué ne pas s'intéresser à ce scrutin par pessimisme. Selon eux, les candidats ne sont pas à la hauteur de la tâche qui leur sera assignée et ne s'intéressent pas aux vrais problèmes du quotidien auxquels ils sont confrontés. L'un d'eux n'a pas hésité à dire : «J'ai cinq enfants, j'ai voté quatre fois, mais ma situation ne s'est jamais améliorée, le discours des candidats est le même à chaque échéance électorale, les mêmes promesses sont faites et à la fin de chaque mandat, rien n'a été concrétisé», déplore-t-il. A Sidi M'hamed, les mêmes propos de défaitisme ont été tenus, avec la particularité d'entendre des personnes âgées adhérer à ce discours pessimiste. En l'interrogeant sur les facteurs qui la poussent à dénigrer ces élections, une personne a précisé que depuis le multipartisme, il n'a observé aucune amélioration de son quotidien. Pas de confiance envers les candidats Selon le même interlocuteur, les mêmes acteurs, les mêmes partis se présentent à chaque fois sans rien changer sur le terrain alors que ces candidats sont issus de leurs quartiers. «Les élus précédents sont des enfants du quartier. Ils n'ont jamais réussi à endiguer les problèmes de délinquance ni même à installer une pancarte qui indiquerait l'emplacement de leurs bureaux. Pour ces élections, je ne cherche même pas à savoir qui va se présenter car je sais pertinemment qu'il ne résoudra aucun problème, mais qu'il cherchera, à l'instar des autres, à défendre ses intérêts personnels. Nous avions alerté le précédent élu sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés, il n'a jamais daigné nous recevoir ; alors cette fois-ci, je n'irai pas voter pour cautionner des gens incompétents», souligne-t-il. Aussi, des jeunes nous ont fait savoir ne pas s'intéresser à ce scrutin. «D'habitude, les discours des candidats sont en direction de la jeunesse, car nous sommes un potentiel de voix non négligeable, mais une fois élus, ils nous oublient et sombrent dans la corruption. Aussi, ce sont toujours les mêmes qui se présentent» ont-ils fait remarquer. A Hydra, un sexagénaire nous donnera les raisons qui l'ont détourné des différentes échéances électorales. «Dans cette APC, c'est toujours une liste FLN qui a remporté les élections. Mais les élus n'ont jamais saisi les problèmes des habitants du quartier ni même tenté de les résoudre. Je ne connais pas les nouvelles listes et je ne compte pas voter», a-t-il dénoncé. «Désormais, seul le peuple algérien symbolise l'opposition et les Algériens ont l'abstention dans le sang, alors je pense que cette échéance électorale n'aura pas la participation escomptée», a-t-il dit sur un air dépité. Un autre, rencontré à proximité des panneaux d'affichage, a qualifié les partis politiques d'entreprises à but lucratif et ce, sur le dos des citoyens. Par ailleurs, les candidats, une fois choisis, ne sont jamais présents sur le terrain ni accessibles au citoyen lambda qui désire une audience alors que c'est une obligation pour l'élu local. Le désintérêt relevé prouve encore une fois que les citoyens sont beaucoup plus préoccupés par les problèmes du quotidien et de la cherté de la vie. Ils sont convaincus que les élus ne sont pas en mesure ni de prendre en charge leurs préoccupations ni de répondre à leurs besoins. «Les élus s'occupent beaucoup plus de leur petite personne, de leurs familles et leurs proches», nous ont dit des personnes au parfum de la chose politique.
