Une hausse de 426% des actes de violences à l'égard des femmes durant les huit premiers mois de 2012 par rapport aux chiffres relevés durant la même période de l'année dernière a poussé le collectif «Stop à la violence, les droits aux femmes maintenant» à relancer le travail de sensibilisation et de mobilisation pour l'amendement «en urgence» des textes liés à la violence et à la prise en charge des victimes. Dans une conférence de presse organisée hier à Alger, ce Collectif tire la sonnette d'alarme : 261 femmes ont été assassinées lors des huit premiers mois de l'année en cours. En attendant que l'appareil juridique bouge pour prévenir des violences faites aux femmes et venir en aide aux victimes, ce Collectif mène un travail de sensibilisation et de mobilisation pour faire aboutir une proposition de loi-cadre portant sur la question, déposée au début de l'année en cours à l'Assemblée populaire nationale (APN). Cette proposition «est un moyen de combler les lacunes enregistrées dans le code pénal et autres textes s'intéressant aux questions liées aux violences. Si les textes ayant trait à la vie économique et politique ont subi des changements conséquents, ceux liés au code pénal, notamment dans les volets liés aux violences faites aux femmes, n'ont pas été touchés depuis 2005, dans le cadre de l'amendement de ce code», note maître Ghania Graba, professeur de sciences juridiques à l'université d'Alger. Le code pénal, qui est un arsenal répressif, devrait être enrichi avec une «solution spécifique prenant en compte le caractère particulier de certains types de violences subies par les femmes», explique Mme Soumeya, coordinatrice du projet «Stop à la violence». Le Collectif s'appuie sur des chiffres communiqués par les services de la police judiciaire qui indiquent une hausse de 426% des actes de violences à l'égard des femmes durant les huit premiers mois de 2012 par rapport à ceux de la même période de 2011. La Gendarmerie nationale a fait état de 1354 cas d'actes de violences contre des femmes, dont 297 viols et 329 atteintes à la pudeur. Il y a lieu de signaler que 5797 victimes de coups et blessures ont été enregistrées durant la même période. Code pénal «dépassé» Le Collectif tire la sonnette d'alarme concernant les 261 femmes assassinées durant les premiers mois de l'année en cours. Les chiffres font ressortir aussi que 90 femmes ayant succombé sont âgées de 18 à 30 ans et 82 dépassent 42 ans. Les dispositions du code pénal manquent aussi de définitions de certains cas de violences, tel le viol et le harcèlement. «Une fille est considérée comme victime de viol alors qu'un garçon ayant subi les même type de violences est uniquement objet d'atteinte à la pudeur. Les textes internationaux définissent très clairement ce qu'est un viol pour pouvoir décréter les mesures répressives nécessaires et la prise en charge adéquate des victimes, il faut une modernisation urgente des textes… Les dispositions doivent être enrichies avec des définitions juridiques qui peuvent être puisées des déclarations internationales ratifiées par l'Algérie», explique Me Graba. Une loi-cadre de prévention contre les violences faites aux femmes et la définition des structures de prise en charge sont les objectifs à atteindre en plusieurs années de travail, d'où la nécessité de moderniser les textes déjà existants pour «réduire la tolérance pour ce type de violences», explique pour sa part Mme Dalila Aberkane, représentante de l'Association algérienne de planification familiale. Selon le collectif «Stop à la violence», une quarantaine de députés sont signataires de l'initiative ayant abouti à l'enregistrement par l'APN d'une proposition de loi de prévention contre les violences faites aux femmes durant le dernier mandat. Et de conclure : «Nous menons actuellement la mobilisation pour secouer les instances chargées d'acheminer cette proposition vers son adoption.»