Le collectif «Stop à la violence ! Les droits aux femmes maintenant» a interpellé l'Assemblée populaire nationale quant à l'urgence et à la nécessité d'inscrire la question de la pénalisation de la violence faite aux femmes dans son agenda. Lors d'une conférence de presse, animée hier à Alger par le collectif à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences à l'encontre des femmes, ce dernier a rappelé qu'en date du 25 janvier dernier, le Parlement avait approuvé, après examen, une proposition de loi sanctionnant les violences à l'égard des femmes, rédigée par la société civile. Les intervenantes n'ont pas manqué de saluer ce geste hautement symbolique en soulignant qu'il était assez rare pour le Parlement d'être l'initiateur d'une proposition de loi. La loi en question compte 23 articles condamnant les violences faites aux femmes et apportant leur définition. A travers la journée d'hier, le collectif annonçait son retour à la charge afin de faire examiner et adopter la loi par le gouvernement puis de nouveau par le Parlement et ce, dans le but d'aboutir dans le futur à une loi-cadre pénalisant tout acte touchant à la dignité ou à l'intégrité morale ou physique de la femme et l'amendement de certains articles du code pénal. Le plaidoyer a été envoyé à tous les ministères et un travail de lobbying auprès d'eux a déjà commencé. Les intervenantes ont également mis l'accent sur la nécessité de «moderniser» le droit algérien. «Le droit algérien est assez répressif, mais la violence à l'encontre des femmes est un problème spécifique, il lui faut donc une solution spécifique comme il faut combler les lacunes des textes de loi actuel», a déclaré Ghania Graba, juriste. Ainsi, bien que le droit pénal algérien réprime largement les violences, ce dernier consacre plusieurs articles aux «crimes et délits contre la famille et les bonnes mœurs» les singularisant ainsi par rapport aux infractions contre les individus. «Le droit algérien protège donc plus la famille, la morale et la société que les individus. Ainsi, les droits individuels ne sont pas garantis», regrette Mme Graba, qui précise que ce droit a été relégué par la France coloniale. «Or, la société a changé, le droit doit se moderniser aussi comme l'ont été les lois sur le blanchiment d'argent par exemple», a-t-elle expliqué. Pour Soumia Salhi, il ne suffit pas qu'il y ait plus de dépôt de plaintes des femmes victimes de violences seulement, il faut aussi une protection par la loi et une condamnation des agresseurs. «Nous devons interpeller de façon forte le gouvernement et les institutions de l'Etat pour les pousser à légiférer des lois qui protègent les femmes, mais il faut aussi travailler sur la sensibilisation et la prévention également» a-t-elle déclaré.