La campagne électorale pour les élections locales de jeudi s'est distinguée plus par des dépassements que par sa capacité à capter un électorat désabusé. La Commission nationale indépendante de surveillance des élections locales (Cnisel) que préside Mohamed Seddiki a reçu plusieurs saisines sur les dépassements et atteintes aux règles de la campagne électorale. Selon son vice-président, Ali Moussaoui, la Cnisel a retenu «soixante saisines qui représentent réellement une atteinte à la régularité des élections avant d'informer la Commission nationale de supervision des élections locales composée de magistrats». La commission a relevé deux cas de «dépassements dangereux», a ajouté M. Moussaoui, hier, sur les ondes la Radio nationale. Il s'agit de «bulletins de vote scannés à Chlef et la circulation à Souk Ahras de bulletins de vote identiques à celui d'un parti ancien», a-t-il précisé. La Commission nationale de supervision des élections ainsi que le ministère de l'Intérieur ont été saisis. De son côté, la Commission nationale de supervision des élections (commission de magistrats) a été aussi inondée de saisines. Elle a été destinataire de 600 saisines «dont 356 ont été acceptées car fondées», a révélé, hier, le président de la Commission, Slimane Boudi, en marge d'une journée d'étude sur «les modalités de la supervision du scrutin». Menace de sit-in La majorité des protestations concerne essentiellement «l'affichage anarchique et les contestations relatives au refus d'enregistrement dans les listes électorales». Le président de la Commission a en outre indiqué que trente saisines ont été transférées au parquet «parce qu'elles relèvent du pénal». Ainsi, la campagne électorale, qui a pris fin dimanche à minuit, a été marquée de bout en bout par d'interminables chamailleries entre le ministère de l'Intérieur et la Commission nationale de surveillance des élections locales. Echanges d'accusations, suspicion sur la transparence du scrutin et menaces de dissoudre la Cnisel par son président, Mohamed Seddiki, sont autant de rebondissements qui ont alimenté la chronique d'une campagne jugée morne. Une agitation qui semble s'amplifier à la veille du scrutin. Des partis politiques sont allés jusqu'à tenir des sit-in de contestation comme ce fut le cas, hier, à Alger et à Annaba. Dans cette dernière circonscription, sept partis ont carrément menacé de se retirer de la course. Un climat politique terne qui favorise une désertion des urnes le jour du vote. C'est justement ce que redoutent les 52 partis en compétition. Le taux de participation aux élections locales de 2007 avait atteint seulement 44,09% avec une participation de 23 partis politiques. Lors des élections locales de 2002, le taux de participation était de l'ordre de 43,2%, alors qu'en 1997, il avait atteint 62,6%. C'était la participation la plus élevée. Pour le double scrutin de ce jeudi qui verra la participation de 52 partis, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, table sur un taux de participation entre 40 et 45%. Une tendance à la baisse qui serait sans nul doute difficile à inverser au regard du peu d'enthousiasme manifeste constaté durant les trois semaines de campagne électorale.