De nombreuses promesses de relogement au profit des habitants des bidonvilles de Oued Aïssi ont été miroitées ces dernières années par les autorités locales. Il est 12h. Sur le chemin qui mène dans le bidonville de Oued Aïssi, à 10 km à l'est de Tizi Ouzou, des écoliers se chamaillent au sortir de leur établissement, pressent le pas pour rentrer chez eux pour déjeuner. «C'est ici que j'habite, fel-barraka (dans cette baraque)», dit, timidement, une fillette d'à peine 10 ans, vêtue de son tablier rose. Des enfants, comme certains des parents d'ailleurs, sont nés et ont grandi dans ce bidonville qui compte aujourd'hui près d'un millier de personnes. Celles-ci nourrissant toutes l'espoir d'habiter un jour un logement décent, pas forcément sur ce site de leur naissance. Cette revendication est portée moult fois par les chefs de familles habitant ce bidonville auprès des pouvoirs publics, et y compris par des manifestations de rue. Rappelons qu'en janvier dernier, les jeunes de ce bidonville avaient fermé à la circulation la RN 12 reliant Tizi Ouzou à Azazga. Un an plus tard, personne n'est revenu ici. Pas même les candidats aux élections locales. «Nous attendons depuis un an une solution définitive à notre problème, notamment le lancement du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP) qui nous a été promis, mais à ce jour, nous n'avons rien reçu d'officiel», dit Mohamed, père de 3 enfants, tous nés dans ce bidonville. Un mois après la fermeture de la RN 12, l'assemblée populaire de la wilaya (APW) de Tizi Ouzou a voté une délibération portant sur la reprise d'une assiette foncière appartenant aux domaines agricoles, mitoyen du bidonville, pour la construction de logements dans le cadre de la RHP au profit de 200 ménages recensés dans les baraquements. Cette démarche n'a connu aucune suite, selon les habitants rencontrés sur place. Mahmoud, un des chefs de famille, pense que «ces terrains, qui appartiennent au domaine de l'Etat, sont convoités par des entrepreneurs et des investisseurs privés. D'où la lenteur de l'administration à faire avancer le dossier», ajoute notre interlocuteur. Pour ces habitants, il existerait une pression sur l'administration qui trouve à chaque fois des prétextes pour déloger les habitants, mais sans leur ouvrir droit à un logement. En attendant, 200 ménages mènent une vie intenable : humidité, moisissures, ordures et eaux usées font partie du décor des alentours du bidonville. «Nos écoliers parcourent plusieurs kilomètres le long de la route pour rejoindre leurs établissements scolaires», dira un père de famille. «Nos enfants, ainsi que les personnes âgées souffrent de problèmes respiratoires, de maladies infectieuses, à cause notamment de l'humidité et de l'insalubrité des lieux où débordent des eaux usées venant des fosses septiques creusées devant les baraques», s'insurgent les habitants du bidonville.