Chassez l'habitat précaire, il revient au galop », pourrait-on dire sans être démenti à propos de l'éradication des bidonvilles à Tizi Ouzou, tant les pouvoirs publics s'y sont essayés sans grande réussite, depuis 1962. Et pour cause : la wilaya de Tizi Ouzou compte, encore, 17 bidonvilles (680 habitations occupées par 728 familles) et 77 cités précaires (3147 habitations avec 3438 familles). Ayant essaimé sur les accotements de la RN 12, à la lisière des zones industrielles ou près des carrières et des mines, ces favelas n'ont pas qu'un bâti précaire. On y mène une vie rudimentaire, sans eau courante ni réseau d'assainissement. On se blottit sous des tôles ondulées ruisselant l'hiver et amplifiant la canicule estivale. Souvent, cité précaire est synonyme de vie sommaire et en sursis : fléaux épidémiques, insécurité, promiscuité et horizons bouchés. Tout cela à l'ombre de l'urbanité triomphante, mais anarchique. Mais, la nuisance de ces îlots de misère serait, finalement, la clé de leur salut. Les bidonvilles de Tazmalt El Kaf et de R'hahila, à l'est de la commune de Tizi Ouzou, sont visés par le programme RHP ébauché, ces jours-ci, par la wilaya de Tizi Ouzou parce qu'ils sont implantés sur le tracé de l'échangeur de la rocade sud, pour le premier, et sur celui de la voie ferrée menant à Oued Aïssi, pour le second. Jusque-là, le procédé était simple mais il s'avère, à long terme, ruineux. On construit des logements à caractère social, on y met les familles « extraites » de leur baraquement qu'on n'oublie de détruire aussitôt. Le lendemain, des dizaines de familles occupent, à leur tour, ces chaumières de bric et de broc et la précarité reprend ses droits. Un panneau que les autorités locales veulent éviter cette fois-ci. Ainsi, lors d'une séance consacrée, la semaine dernière, au RHP par la direction de l'urbanisme et celle du logement, il a été décidé, dès septembre, d'offrir des logements sociaux et aides à la construction aux occupants des centaines de bidonvilles et cités précaires tout en veillant à préserver « le mode de vie des citoyens concernés » pour ne pas avoir à gérer les conséquences dues à ce « déracinement forcé ». L'espace foncier, ainsi récupéré, accueillera des équipements publics, indique-t-on.