L'accès piétonnier ou automobile aux vieux quartiers du centre-ville de Blida donne du fil à « recoudre » aux chaussures, pieds, pneus, amortisseurs et, surtout, le système psychique du citoyen. « Nous ne pouvons pas procéder aux achats dans les rues commerciales sans se fouler les pieds ou voir partir nos talons », diront des ménagères assistant une des leurs devant une vitrine. Les commerçants de la rue Abdallah, Zenqet leyhoud, sont témoins de ces innombrables accidents, tout comme le cordonnier d'une rue transversale qui souriait à la question de savoir quel était le rythme quotidien des venues de clients pour raccommoder leurs talons. D'autres commerçants, plus anciens, reprochent l'espèce d'abandon dans lequel se trouve leur rue : « Nos murs et nos devantures sont envahis par les marchands à la sauvette et l'insécurité oblige à demeurer sur le qui-vive. » L'entretien et l'hygiène sont assurés par les revendeurs mais d'une manière archaïque et dès la fermeture des boutiques et le début de la nuit, l'espace est abandonné aux chats et souris, à la saleté créée par les restes de légumes et de fruits, d'emballages divers que personne ne se donne la peine de ranger pour faciliter le travail des services de la commune. Les creux et les poches formés par l'état des rues laissent se développer des odeurs nauséabondes, agressant davantage les sens. Toutes les rues adjacentes dégagent cette atmosphère de sous-développement alors que les couleurs des légumes, les senteurs, la variété des pâtes et des légumes secs gagneraient à être valorisés par une assistance des autorités. Certaines rues d'autres quartiers ont été recouvertes de béton, d'autres encore, comme celles d'une impasse de Bab Zaouïa, demeurent à l'état de chantier pendant que de grands axes reçoivent les grands moyens à la grande joie des riverains. Autre phénomène vécu au quotidien, l'absence de ralentisseurs dans certaines rues, donnant ainsi libre cours au vertige de la vitesse éprouvé par de jeunes conducteurs inconscients. « Nous nous sommes plaints à un membre de l'exécutif communal et sa réponse a été une fuite en avant puisqu'il nous a répondu que nous pouvions acheter du ciment et établir nos propres dos d'âne. » Cet élu habite le quartier mais semble ignorer le décret 05-499 de novembre 2005, qui interdit toute initiative personnelle allant dans ce sens.