Ces enfants, que d'aucuns qualifient de handicapés, démontrent que leur créativité n'a pas de limites. Des ateliers de dessin sont d'ores et déjà mis en place au Musée national Cirta au profit de 25 enfants âgés entre 10 et 15 ans, issus de l'école pour handicapés auditifs, Bachir Boutebba, sise au plateau du Mansourah. Le projet, une heureuse idée de l'artiste plasticienne, chargée de la collection peinture et sculpture du musée, Chafika Ben Dali-Hacine, sous l'égide de la directrice de l'institution, Mme Malika Dahou-Kitouni, s'est amorcé il y a quelques jours par une première visite guidée au musée des enfants accompagnés de leurs éducateurs. Tout excités, heureux et pétulants, ceux-ci commentaient, ou posaient des questions en langage orthophonique, tout ce qu'ils voyaient, au moment où leurs visages exprimaient un grand étonnement mêlé de jubilation. Très curieux, intelligents et réceptifs, ils ont tout observé avec une extrême attention, allant de la salle des monnaies, à celle des fresques, en passant par les antiquités et les peintures. Le premier atelier de dessin a donc démarré hier, coïncidant avec la journée mondiale des handicapés. Une salle chauffée, équipée de tables, chaises, chevalets et autre matériel de dessin, -entre crayons de couleur, pinceaux, gouache, papiers -, a été réservée à ces enfants, toujours accompagnés de leurs éducateurs. La présence de ces derniers est indispensable pour l'interprétation de la gestuelle et signes orthophoniques afin de faciliter la tâche de Mme Chafika Ben Dali-Hacine, qui, comme prévu, est chargée des cours de dessin. Le programme de ces ateliers, incluant 20 séances hebdomadaires d'une heure et demie à deux heures chacune, s'annonce très intéressant. «Le but de ces séances est de permettre à ces enfants de s'exprimer sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Leurs 5 sens seront ainsi constamment en éveil ; nous les aiderons à s'épanouir, s'ouvrir au monde qui les entoure grâce à leur sensibilisation. Beaucoup de talents réels seront découverts ; je suis persuadée que nous verrons des Picasso, pour peu qu'on leur en donne les moyens», assure l'artiste, très impatiente d'ailleurs de commencer sa première leçon. Celle-ci sera axée sur les gribouillis. «C'est justement le stade où l'enfant apprend à exécuter les traits de base de manière spontanée, et à partir de là, il découvrira les formes », nous explique-t-elle. Notre interlocutrice qui compte poursuivre ce qu'elle qualifie «d'aventure passionnante», escompte, au final, l'exposition, le 1er juin prochain (journée mondiale de l'enfance), d'une anthologie de dessins réalisés par ces enfants. Il est utile de signaler que la directrice de l'école Bachir Boutebba, Mme Fatima-Zohra Hamimed, a manifesté un grand engouement pour le projet. Emue, et submergée de tendresse pour «ses» enfants, elle tiendra à en remercier vivement les initiateurs. Pour information, l'école en question accueille 104 enfants handicapés auditifs âgés de 3 à 18 ans, accompagnés par 22 MEF (maîtres en diverses spécialités), 19 éducateurs spécialisés et 6 psychopédagogues, entre cliniciens et orthophonistes.