Hier, 155 camions-citernes étaient immobilisés dans le parking du stade Hamrouche Hammoudi, à moins de 10 km au sud de Skikda. Les chauffeurs, qui frètent leurs biens au profit des sociétés nationales et internationales travaillant dans les puits du Sud, entendaient par ce rassemblement attirer l'attention des responsables directs de Sonatrach quant aux difficultés qu'ils disent rencontrer auprès du centre de chargement de Skikda. Sans déléguer un représentant, ils évoquent tous les mêmes faits. « Tous ces camionneurs travaillent pour des sociétés implantées au Sud. Nous leur assurons l'alimentation en gasoil, produit indispensable dans les opérations de forage », raconte l'un d'eux, avant de continuer : « Ces entreprises risquent d'être à court de produit si les responsables directs du centre de chargement de Skikda continuent de nous léser par rapport à d'autres camionneurs. » Ils expliquent, par ailleurs, qu'ils parcourent des milliers de kilomètres pour venir s'approvisionner à Skikda et qu'ils doivent en plus subir une longue attente avant de se voir servir. « Je suis à Skikda depuis voilà quatre jours et je n'ai pas encore réussi à charger. On nous fait vivre un grand calvaire que nous ne supportons plus. On a décidé, par mesure de protestation, de marquer un arrêt de travail. Il faut que cette situation cesse pour nous permettre de mener à bien notre mission. Nous ne sommes pas des saboteurs, nous voulons juste un peu plus de considération compte tenu du trajet que nous parcourons et de la stratégie économique de notre mission », raconte un chauffeur. Les autres révèlent qu'ils arrivent difficilement à assurer une seule rotation par semaine alors que la demande au Sud est assez importante : « Si les responsables du centre continuent à nous servir à ce rythme on voit mal comment on assurera notre travail. Pourtant, tout le monde sait au niveau de Sonatrach que nous nous déplaçons avec des bons de commande établis par nos employeurs. Si les responsable du centre n'arrivent plus à assurer le chargement voulu, qu'ils le signifient donc aux firmes et autres entreprises implantées au Sud. » Ils ont également tenu à faire part d'éventuelles pannes électriques qui surviendraient la nuit et qui retarderaient les chargements : « Nous ne comprenons pas le fait que ces lenteurs ne concernent que les chargements destinés au sud du pays au moment où nos collègues travaillant pour Berrahal, à Annaba, ou pour Guelma arrivent des fois à assurer plusieurs rotations en 24 heures. » Au niveau de Naftal, le ton était au mutisme. Le chef du centre de chargement, situé à l'entrée de la ville de Skikda, a refusé de commenter les accusations des chauffeurs. Sur place, il recevra un appel du directeur et l'informa de la présence de la presse sur les lieux, mais aucune suite n'a été donnée à notre désir d'avoir la version officielle de l'entreprise. Il nous a été seulement donné de lire une note de service manuscrite et datée du 31 mars 2006 qui rapporte qu'à partir de ce jour (hier, ndlr), toutes les dispositions allaient être mises en pratique afin d'« assurer sans distinction les chargements des camions-citernes de carburant en provenance du Sud et autres destinations ». La note mentionne également que les chargements de nuit seront assurés de 20h jusqu'à 5h et que le chargement se fera H/24.