Les cinq personnes en détention préventive pendant 14 mois ont été jugées la semaine dernière par la cour criminelle pour « possession d'un tract subversif portant atteinte à l'intégrité territoriale du pays ». Trois d'entre elles ont écopé de 10 ans de prison ferme et les deux autres ont été acquittées. Les faits. En février 2005, les prévenus ont été arrêtés en possession d'un tract « subversif » dont le contenu porte, croit-on savoir, « atteinte à l'intégrité territoriale du pays » et mettant en cause une personnalité locale pour ses supposés liens avec une puissance étrangère. La sensibilité de l'affaire dans le contexte ambiant n'a pas manqué de drainer une foule nombreuse au tribunal pour assister au procès. Les plaidoyers développés par les nombreux avocats en faveur de leur mandant ont été essentiellement axés sur l'inexistence de preuves tangibles et autres charges matérielles prouvant leur culpabilité en dehors toutefois du tract saisi. « Nous n'avons pas devant nous une grande quantité de tracts subversifs destinés à être distribués pour que nous puissions conclure à la subversion et à l'atteinte à l'intégrité territoriale du pays qu'aucun Algérien d'ailleurs n'accepte. Mais nous n'avons entre nos mains qu'un seul tract que ces inculpés eux-mêmes se sont empressés de remettre aux services de sécurité, gage de leur bonne foi », ont plaidé les avocats qui ont réclamé la relaxe de leurs clients. Mais la rigueur des plaidoiries des défenseurs des accusés n'a pas convaincu pour autant le représentant du ministère public qui, dans son sévère réquisitoire, a requis 20 ans de prison contre les cinq inculpés dans cette affaire. Après délibérations, la cour a condamné trois des prévenus à 10 ans de réclusion criminelle et prononcé la relaxe à l'encontre des deux autres. A la lecture du verdict, les condamnés ont crié au complot. Plusieurs citoyens qui ont assisté au procès n'ont pas manqué de relever, en aparté, la disproportion de ces lourdes peines infligées par rapport à l'acte incriminé. Plusieurs zones d'ombre, cependant, continuent à entourer cette affaire et qui n'ont pas été levées. S'agit-il d'une condamnation « politique pour servir d'exemple », comme certaines voix l'ont laissé entendre ? Qui est derrière la rédaction de ce tract explosif et qui avait intérêt à le rédiger ?