Le réseau Wassila/Avife a rendu un vibrant hommage à la moudjahida Mamia Chentouf décédé en octobre dernier. C'est au Palais de la culture que les organisateurs de cet événement ont retracé, mercredi soir, le parcours de cette combattante, en présence de personnalités du mouvement associatif et des membres de sa famille. Fondatrice de la première association féministe en Algérie, Mamia Chentouf était connue aussi pour être celle qui a voulu, dès son jeune âge, renverser les idées reçues sur l'éducation des filles et leur accès à l'enseignement. Les témoignages ont montré l'apport du père de cette moudjahida dans son évolution à l'école et à l'université et sa participation à la Révolution. Les organisatrices ont lu aussi la biographie de cette dame qui a permis à l'assistance de connaître l'ampleur de l'apport de la femme algérienne pour la réussite de la Révolution. «Une participation que certaines parties veulent réduire à une aide subalterne, alors qu'elle était égale à celle des frères moudjahidine», soutient Mme Fatma Oussedik, représentante du réseau Wassila. Mamia Chentouf, née Aïssa, qui est née en 1922 au village Haouz, près de Bensekrane, à Tlemcen, est issue d'une famille paysanne aisée. Son père Abdelli était militant du Parti du peuple algérien (PPA), avant de devenir responsable dans ce même parti qui a pris pour appellation le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Mamia a adhéré au PPA en 1943. Elle a participé aux premières cellules des Amis du manifeste et de la liberté (AML), créées à l'université et qui regroupaient tous les partis nationalistes algériens. Elle fut expulsée du territoire national en novembre 1955. A la dissolution de l'Assemblée nationale française, quelques mois plus tard, la loi sur l'état d'urgence prit fin, elle pu regagner l'Algérie et militer au sein d'une cellule FLN. Avec ses camarades, elle était plus particulièrement chargée d'assurer l'hébergement et la liaison à Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda. Le 24 mai 1956, la première grande vague d'arrestations a eu lieu à Belcourt et à La Casbah. Mamia est arrêtée. Libérée, elle demeure traquée, ce qui l'obligea à aller en Tunisie. A l'indépendance du pays, elle entreprit des études de sciences politiques et fit partie, en 1965, de la première promotion de l'indépendance. En 1966, elle est présidente de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA) et s'oppose avec force à l'instauration du code de la famille. Elle démissionne en compagnie de son secrétariat national de l'UNFA en 1969 «à cause du code de la famille qui reconnaît la bigamie», témoignent les camarades de la défunte dans le document retraçant la biographie de la moudjahida, lu à cette occasion.