D'aucuns, à l'approche de Béni Saf, ne peut manquer d'être surpris à la vue d'un monstrueux panache de poussière dense et drus obscurcissant le ciel. C'est la cimenterie avoisinante qui le dégage. Cet alarmant phénomène n'est que la partie visible des atteintes à l'environnement dans une wilaya où pourtant les industries polluantes ne sont pas légion. En effet, avec la cimenterie, il n'y a que deux autres réputées sources de pollution. Il s'agit de la tannerie d'El Amria et de l'usine de détergents. Cependant, il y en a d'autres comme les conserveries dont les rejets ne sont pas maîtrisés puisqu'ils vont directement à l'égout. Et, s'ajoutant à cette chaîne, il y a les rejets ménagers, des rejets dont on ne se rappelle l'existence qu'à l'approche de la période estivale. En effet, les oueds, égouts à ciel ouverts, rendent les eaux de baignades impropres à la trempette. Sollicité, le directeur de wilaya de l'environnement reconnaît les faiblesses tout en faisant état des mesures qu'il compte mettre en œuvre. Ainsi, concernant la cimenterie de Béni Saf, il signale que la situation est identique à ce qu'il en est au plan national. Et bien qu'insatisfaisante, elle serait moins alarmante depuis l'acquisition par l'usine d'équipements dont des électro-filtres. Il indique avoir été avisé qu'à cause de problèmes inhérents au process de production, il y a de temps à autres des lâchés de gros volumes de poussière mais sur de courtes durées. Mais alors, qu'en sera-t-il lorsque sera érigée, tout à côté de cette usine, une autre de ciment blanc ? A propos de ce projet d'investissement du groupe Pharaon, notre interlocuteur affirme avoir émis un avis défavorable conformément à la loi sur la protection et la valorisation du littoral. Dépollution Cet avis sera-t-il suivi sachant l'existence d'un projet de zone industrielle de Sonatrach, lui aussi situé en bord de mer, tout près de Béni Saf ? Le directeur de l'exécutif invoque le fait que les études concernant cette future réalisation vont prendre en charge l'impact sur l'environnement. Ce qui ne convainc pas au demeurant puisque la loi interdit toute implantation de nouvelles industries sur le littoral. Se voulant rassurant, le directeur de l'environnement révèle qu'un contrat de performance vient d'être signé avec l'usine de détergents et que ce même contrat devra être conclu avec la cimenterie et la tannerie. Cet engagement stipule une prise en charge du volet environnement par l'installation progressive d'équipements de dépollution, le contractant bénéficiant en contrepartie d'une subvention du FEDEP (un fonds de soutien). Notre interlocuteur s'inquiète plutôt à propos des déchets dits spéciaux qui, eux, ne peuvent être ni traités, ni jetés. Il s'agit en particulier des déchets solides de la tannerie, des déchets contenant le très nocif chrome. Il y a également les pesticides et autres herbicides périmés datant pour certains du temps des CAPCS ! « On ne connaît même pas les quantités, ce à quoi nous allons remédier ». Puis, pour revenir à la préparation de la saison estivale, l'idée de barrages flottant sur les oueds est avancée. Il s'agit de sacs de sable mélangé à du chlore, des sacs placé en travers de l'embouchure des oueds de façon à ce que les eaux soient filtrées avant de se déverser en mer. L'idée est bonne en attendant la réalisation de stations d'épuration, mais sera-t-elle retenue par la commission de wilaya ?