Dans une lettre ouverte adressée au président français, François Hollande, à la veille de sa visite d'Etat en Algérie, un ensemble d'organisations de défense des droits de l'homme, à savoir la FIDH, la LDH, le Remdh, l'ACDA, la CFDA, la CISA, la Laddh, le Snapap et le Raddh demandent «d'inclure en priorité, dans toute négociation avec les autorités algériennes, la question du respect et de l'application réelle des conventions internationales relatives aux droits de l'homme ainsi que des conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) ratifiées par l'Algérie». La lettre précise que ces organisations souhaitent attirer l'attention de M. Hollande sur «les questions relatives aux droits de l'homme, y compris les droits économiques, sociaux et culturels, et aux libertés fondamentales dans le cadre des relations entre la France et l'Algérie». Tout en saluant la décision du Président français de reconnaître le massacre de manifestants algériens en plein cœur de Paris le 17 octobre 1961, ces mêmes organisations souhaitent aussi que «cette décision sera suivie d'une dénonciation du système colonial et des crimes qu'il a engendrés alors, afin de permettre notamment un travail de mémoire conjoint et apaisé sur l'histoire commune, une plus grande capacité des nouvelles générations d'origine algérienne à assumer leur citoyenneté française ainsi que l'établissement de relations normalisées entre la France et l'Algérie. Nous sommes également convaincus que le droit de vote aux élections locales, accordé aux étrangers établis en France, qui concerne donc les Algériens y vivant, devrait contribuer positivement à cette évolution». Et d'ajouter que «cette ‘relation de confiance' que vous souhaitez développer pendant votre présidence avec les autorités algériennes doit se faire au bénéfice de certains progrès en matière de droits de l'homme et de libertés démocratiques, ainsi que de tous les acteurs de la société civile indépendante en Algérie». Et de faire remarquer que la répression à l'égard des défenseurs des droits de l'homme et militants syndicaux n'a fait que s'amplifier en Algérie depuis avril 2011. Et de préciser que depuis janvier 2012, «plusieurs lois promulguées en janvier 2012 et présentées comme des ‘réformes démocratiques' sont en réalité une régression des libertés publiques, en particulier la loi n°12-06 qui rend plus difficile la création, le financement et le fonctionnement quotidien des associations et la loi n°12-05 sur l'information qui entrave l'indépendance des journalistes et la liberté d'opinion et de publication». Sans omettre de souligner que «l'impunité des auteurs de disparitions forcées et d'autres violations graves et massives des droits de l'homme commises durant les années 1990 reste toujours de mise». Les organisations internationales signataires de la lettre signalent en outre «les obstacles à la délivrance de visas» qu'elles rencontrent pour venir en Algérie. Et de noter que «la France serait mieux entendue si elle cessait de pratiquer une politique entravant la liberté de circulation des algériens à l'intérieur de ses frontières, comme dans les autres pays européens». Ceci en concluant la lettre en invitant M. Hollande à aller à la rencontre de la société civile algérienne et «d'entendre l'intense aspiration démocratique des Algériennes et des Algériens».