C'est en présence de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, venu inaugurer le séminaire sur la valorisation des produits agricoles algériens, que José Manuel Silva Rodriguez, Directeur général de l'Agriculture et du développement rural auprès de l'UE, a mis l'accent sur la nécessité «de fournir une valeur ajoutée aux multiples produits que compte le riche territoire algérien et de soutenir la production agricole, en particulier dans certaines zones». Pour ce responsable, dont c'est la première visite en Algérie, le séminaire que vient d'abriter la wilaya de Mostaganem «aura pour objectif d'identifier les créneaux de valorisation prometteurs, en s'appuyant le plus possible sur les expériences concrètes». Avant tout, l'orateur a tenu à faire un bref rappel sur les 6 principales étapes ayant abouti à la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de l'Union européenne qu'il résumera ainsi :
- Sécuriser la production alimentaire en Europe par des soutiens au revenu pour les agriculteurs actifs, par des mesures de marché rénovées, mettant l'accent sur un rôle accru des organisations de producteurs ou encore par un effort majeur pour la recherche et l'innovation. -Préserver les ressources naturelles, notamment en soutenant les pratiques agricoles durables liées aux paiements directs, mais aussi grâce à des mesures agro-environnementales. -Faire face aux défis de la mondialisation, avec un nouvel outil de gestion de la volatilité des prix et des revenus. -Maintenir l'ancrage territorial de l'agriculture grâce à une meilleure organisation des agriculteurs ainsi que des soutiens pour les zones les plus fragiles, pour l'agriculture locale, les circuits courts de commercialisation et les produits de qualité liés aux territoires. -Valoriser la diversité des agriculteurs avec notamment des soutiens plus équitables et mieux répartis. -Relever le défi du vieillissement des zones rurales, en proposant une aide renforcée pour les jeunes agriculteurs. -Et enfin, simplifier la PAC. Il abordera ensuite le volet de la sécurité alimentaire et son lien avec la recherche et l'innovation, soulignant que, «selon la FAO, il sera nécessaire d'augmenter la production agricole de 60% d'ici à 2050 pour nourrir la population mondiale». Il rappellera également que, «depuis les années 70, l'agriculture européenne a atteint des gains de productivité de 20% par décennie». Cependant, il fera noter que non seulement «de tels gains ne seront désormais plus possibles sur la base exclusive des technologies existantes, mais ces gains de productivité ont été associés à la surexploitation des ressources naturelles» qui ont parfois entraîné «des effets négatifs sur l'environnement». Parlant du principal défi «auquel devra répondre l'agriculture dans les décennies à venir», l'orateur dira la nécessité «de produire davantage, en s'affranchissant des anciens modèles de croissance». Pour y parvenir, l'UE aura besoin d'une «amélioration profonde de l'utilisation des ressources en agriculture et une résilience durable des écosystèmes, accompagnées par une efficacité économique des producteurs qui permet d'atteindre l'objectif d'une croissance verte». Appel pressent C'est pourquoi, dira-t-il, l'UE devra se doter de nouveaux instruments afin «d'unir nos efforts pour un investissement majeur dans la recherche et l'innovation et nous devons nous assurer que nos investissements se traduisent par des résultats concrets applicables sur le terrain». En outre, dans le nouveau programme-cadre pour la recherche et l'innovation de la période 2014-2020, «la commission propose de réserver 4,5 milliards d'euros pour la recherche et l'innovation concernant, notamment, l'agriculture durable et la bio économie». Toutefois, il semble que cet effort financier conséquent ne soit pas la panacée, puisque l'orateur parlera de la nécessité d'identifier «d'autres obstacles qui limitent l'innovation dans le secteur agricole», mettant l'accent sur l'écart entre, d'une part, la recherche agricole et, d'autre part, la pratique agricole sur le terrain et le conseil agricole. Cet écart étant considéré «comme le goulot d'étranglement principal tant par les agriculteurs que les scientifiques». Concernant le partenariat avec l'Europe, le conférencier parlera des accords déjà signés avec certains pays – Suisse, Moldavie, Géorgie, Ukraine, Corée du Sud, Pérou…– des négociations en cours avec la Chine, Singapour, la Malaisie, le Vietnam, l'Inde, le Mercosur, le Canada et l'Afrique du Sud. Il ajoutera que l'UE est sur le point de lancer des négociations avec le Japon et le Maroc, tout en émettant le souhait de voir l'Algérie s'engager dans ce processus. Pour lui, il ne fait aucun doute que «le système de protection des indications géographiques est un succès, nous voulons le partager avec vous, vous inspirer et vous permettre d'en faire un vecteur de développement rural et un outil promoteur d'une plus grande qualité alimentaire». En conclusion, le DG de l'Agriculture soulignera, à l'intention de ses hôtes algériens, que «la commission que je représente, sera toujours au côté de l'Algérie et de ses agriculteurs pour les aider dans cette voie».