Des spécialistes ont dénoncé la surexploitation de la nappe phréatique par les forages illicites, notamment pour alimenter les stations de lavage. Le premier séminaire international sur la mobilisation et l'exploitation des ressources en eau a ouvert ses portes, hier matin, au centre de recherche scientifique de l'université Hadj Lakhdar de Batna (ex-mouhafadha). Organisé par le département d'hydraulique de l'université éponyme, ce séminaire se prolongera sur deux jours et verra la participation de plusieurs universitaires étrangers, venus notamment de France de Syrie et de Tunisie. Il se fixe 3 objectifs : l'échange entre chercheurs, la sensibilisation des autorités et celle de la population. Pas moins de 28 conférences seront présentées et concerneront différentes thématiques essentielles à la sauvegarde de la ressource hydrique ainsi qu'à la compréhension des phénomènes chimiques et physiques de l'eau retenue dans les barrages. Ammar Tiri, chef du département de d'hydraulique au sein de l'institut de génie civil et d'architecture, président du comité d'organisation de la manifestation, estime qu'au-delà des échanges de connaissances, ces journées visent à dégager les mesures urgentes à entamer quant aux règlementations et normes régissant l'exploitation des ressources en eau, notamment celles de la nappe phréatique. En réponse aux questions d'El Watan, Ammar Tiri dénonce la surexploitation de cette dernière par les forages illicites et ceux utilisés à des fins commerciales. A titre d'exemple, les stations de lavage des voitures puisent l'eau nécessaire à leur activité dans les eaux souterraines de la ville de Batna. «Malheureusement, en utilisant cette précieuse ressource, ces commerçants ne sont pas dans l'illégalité. La loi et les normes régissant l'exploitation hydrique n'interdisent pas cette surexploitation», a déploré notre interlocuteur, ajoutant: «A plusieurs reprises, nous avons adressé aux autorités locales des recommandations dans ce sens, et on va les renouveler à la fin du séminaire. On se base essentiellement sur les normes de l'organisation mondiale de la santé (OMS)». Ainsi donc, des quantités d'eau incommensurables traitées par la station d'épuration sont rejetées dans la nature pour être polluées une seconde fois alors qu'elles peuvent être exploitées à des fins de lavage, d'arrosage ou carrément d'irrigation et permettre ainsi de préserver la nappe. Par ailleurs, la couleur jaunâtre de l'eau du barrage Koudiet Lemdouar et les odeurs qui s'en dégagent restent des phénomènes à élucider. Pour le deuxième point, Kamel Bouhidel, spécialisé en chimie des eaux, explique que cela est dû à l'utilisation réduite du charbon actif, pour à priori manque de moyens, et à la présence d'un fort taux de sulfate dans les eaux. Ce dernier, selon notre interlocuteur, n'est pas nocif pour la santé au-delà d'un effet laxatif sur l'appareil digestif. Seulement, selon lui, cette couleur jaunâtre reste une énigme que même le concepteur autrichien du barrage n'arrive pas à en déterminer l'origine, d'où la nécessité d'une recherche approfondie; et il ne va pas sans dire que cette recherche exige beaucoup de moyens qui pour le moment se font paradoxalement rares. Preuve en est que, parmi les invités, ce sont les plus concernés qui ont brillé par leur absence: l'APC, l'Algérienne des eaux, la direction de l'agriculture, la tannerie, la station d'épuration, le secteur du textile et la direction de l'hydraulique. Ces absences dénotent sinon la fuite des responsabilités, du moins le mépris des efforts consentis dans la recherche universitaire, au moment où notre pays, affirme notre spécialiste, accuse un retard de 30 années dans le domaine des technologies propres. Une attitude qui réduit les discours de circonstance en simple langue de bois.