Selon la version officielle des autorités en charge de ce secteur stratégique, l'embellie économique et l'indéniable notoriété régionale, voire nationale, qui accompagnait ces deux grands pôles de négoce, se seraient effilochées depuis quelque temps, en raison de la montée en puissance d'une implacable campagne de lobbying érigée en contre-pouvoir à l'effet de faire main basse sur ces espaces commerciaux. L'hypothèse en elle-même ne serait pas farfelue, dans la mesure où l'imposant marché hebdomadaire de Tadjenanet et son voisin le marché de gros de fruits et légumes de Chelghoum Laïd ont été au centre de grandes convoitises et ont constitué, ces dernières années, la chasse gardée de certains « gros légumes » qui se relaient dans l'adjudication de ces entités commerciales. Trafic d'influence et monopole Les lobbies auxquels il est fait allusion ont été manifestement battus en brèche, du moins pour ce qui concerne l'année fiscale 2006. D'autant que le premier magistrat de la wilaya, très imprégné de ce genre de trafic d'influence et son corollaire la course effrénée aux prébendes en est venu, à maintes reprises, à monter sur ses grands chevaux, promettant de laminer les groupes d'intérêts et leurs ramifications qui seraient tapies au sein de l'administration et des assemblées communales. Selon des informations en notre possession, il semble que les deux fers de lance spécialisés dans la gérance des marchés publics, en l'occurrence Sarl El Biban et Sarl Tourit, agissent de concert et seraient d'une manière informelle associées, quoique sur le plan juridique chaque partie opère de son côté. Mais cela va sans dire que cette tactique cousue de fil blanc est destinée à mettre les commissions de validation des marchés devant le fait accompli, et partant, créer une situation de monopole qui leur permettrait d'exploiter au rabais les marchés pour lesquels ils auraient concouru. A en croire certaines indiscrétions, les présumés barons des marchés publics auraient en plus monté une machiavélique mise en scène qui consiste à dissuader les « soumissionnaires comparses » en les rétribuant « généreusement » afin d'avoir les coudées franches et influer en toute liberté sur l'adjudication. Les recettes locatives en chute libre Force est de reconnaître cependant que les recettes issues de la mise en location des marchés publics de Tadjenanet et à Chelghoum Laïd ont régressé de 20 à 40 millions de dinars depuis l'exercice 2002 et 2003, où les maxima relatifs à la même période ont atteint sinon dépassé les 150 millions de dinars, concernant la première commune et 130 millions de dinars pour le seconde. L'exemple de l'adjudication du marché de gros de fruits et légumes de Chelghoum Laïd qui était à deux doigts de passer à la régie communale, mais attribué in extremis à hauteur de 95 millions de dinars, illustre à lui seul le manque à gagner occasionné par cette logique de bradage. Idem pour le marché hebdomadaire de Tadjenanet qui n'a engrangé pour le compte de l'année fiscale 2006 que 100,77 millions de dinars, contre 130,5 millions de dinars en 2003. Par ailleurs, et tout en se lavant les mains des insinuations, selon lesquelles des « élus ripoux » auraient servi de relais dans le choix « dirigé » des adjudicateurs, le P/APC de Tadjenanet, Abderrahmene Nekaâ, affirme que la récession économique qui caractérise ces entités commerciales n'est pas spécifique à la wilaya de Mila. « Les marchés hebdomadaires d'El Khroub, El Eulma, Aïn M'lila et Aïn H'djel dans la wilaya de M'sila, ont subi à leur tour le phénomène de diminution drastique du volume de leurs entrées locatives », explique notre interlocuteur, avant d'ajouter que le marasme, qui affecte les marchés publics de Chelghoum Laïd et Tadjenanet, a pour origine la capacité d'influence des lobbies à instaurer un véritable état de monopole que les pouvoirs publics ont tout intérêt à anéantir.