Une réunion des experts africains chargés des questions de migration se tiendra à partir d'aujourd'hui, et ce, jusqu'au 5 avril à Alger avec pour objectif de « lancer l'action commune africaine » dans ce domaine « d'une grande sensibilité humaine et politique », a indiqué dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Cette réunion, à laquelle cinquante pays de l'Union africaine ont confirmé leur participation, intervient en application d'une décision prise, à l'initiative de l'Algérie, lors du dernier sommet africain à Khartoum. Une position commune est « nécessaire pour plusieurs raisons ». Les questions de migrants occupent de plus en plus la communauté internationale. L'importance de ces problèmes a conduit les Nations unies à convoquer pour septembre prochain une réunion internationale de haut niveau pour en débattre et faire des propositions. Le continent africain abrite un grand nombre de migrants et les mouvements transfrontaliers se développent rapidement, posant des problèmes politiques et économiques, mais aussi humains, sociaux et sanitaires. Depuis les années 1990, fuyant la misère, la guerre, les épidémies et le chômage, ou se sentant tout simplement « à l'étroit » dans une société qui ne leur offre rien à la hauteur de leurs ambitions, des dizaines de milliers de migrants quittent les grandes villes de l'Afrique de l'Ouest et traversent chaque année le Sahara, puis la Méditerranée. Ils tentent, parfois au péril de leur vie, de rejoindre l'Europe par la Méditerranée, en traversant clandestinement l'Afrique du Sud au Nord, région par région, frontière par frontière, en se réorganisant et en s'installant durant un certain temps dans les pays du Maghreb. Les migrations touchent de plus en plus les compétences que les pays africains forment au prix fort, les privant ainsi d'atouts et de leviers déterminants dans leurs processus respectifs de développement national. Les transferts de fonds émanant des migrants pour les besoins de leur famille dans les pays d'origine sont courtisés par les institutions financières et bancaires qui arguent des coûts de la lutte internationale contre le terrorisme et le blanchiment de l'argent pour pratiquer des frais exorbitants, que par les pays développés qui y voient une source pouvant, à terme, alléger leurs obligations internationales en matière d'aide publique au développement. Le recours accentué des pays du Nord à des politiques restrictives en matière de visas et répressives dans le traitement des questions migratoires ferment la porte de la légalité à un nombre important de candidats potentiels à l'émigration, une question sensible dans le dialogue politique entre l'Union africaine et l'Union européenne. Les gouvernements des pays d'origine et des pays d'accueil devraient s'efforcer de donner à chacun des raisons de rester dans son propre pays. Il faudrait à cette fin redoubler d'efforts pour parvenir à un développement économique et social durable, parvenir à un meilleur équilibre économique entre pays développés, pays en développement et pays en transition. Il faudrait également s'efforcer davantage de désamorcer les conflits internes et internationaux avant qu'ils ne dégénèrent ; de garantir les droits des personnes appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques et aux autochtones, de respecter la primauté du droit et de promouvoir la bonne gestion des affaires publiques, de renforcer la démocratie et d'encourager le respect des droits de l'homme.