Les travaux de la réunion des experts africains sur “la migration et le développement” ont pris fin hier, à Alger, par l'adoption d'une série de résolutions qui seront soumises aux instances supérieures de l'Union africaine (UA), lesquelles en feront un document de travail pour parvenir à “une position africaine commune” sur cette question. Les résolutions de la réunion d'Alger, dont les travaux avaient commencé dimanche dernier en présence notamment du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, du président de la commission de l'Union africaine, Alpha Omar Konaré, et de représentants de l'Union européenne, se déclinent sur les trois plans national, continental et international. Au plan national, d'abord, les états membres de l'UA, qui ont tous pris part à la réunion d'Alger, devront, à l'intérieur de leurs frontières respectives, “renforcer les mécanismes de lutte contre les filières du trafic des êtres humains”, et mettre en œuvre “de manière effective” le plan d'action de Ouagadougou sur l'emploi et la réduction de la pauvreté. Ils devront également réunir “les conditions propices” à l'emploi des jeunes, cette catégorie étant la plus exposée au phénomène migratoire en raison précisément de l'absence de perspectives sociales et économiques dans leurs pays d'origine. Les pays participants sont également invités à accorder un intérêt accru à la vie culturelle, associative et sportive, mais aussi à “renforcer les institutions éducatives” tout en veillant à “les adapter aux besoins des pays africains”. Au plan continental, ensuite, il est préconisé à l'Afrique de se doter d'un “cadre stratégique” devant définir “les lignes directrices” d'une gestion effective de la migration. C'est ainsi qu'il est proposé aux instances supérieures de l'UA d'introduire des mesures effectives, “notamment des cadres juridiques” devant renforcer et organiser la lutte contre les migrations illégales. Il s'agira également, de favoriser “un échange d'informations régulier” à même d'aider à l'émergence d'une vision commune “basée sur les principes de partenariat, de solidarité et d'amitié”. Les experts réunis à Alger n'ont pas omis de souligner l'importance qu'il convient d'accorder, dans ce domaine précis, au rôle du Conseil de paix et de sécurité de l'UA dans “la prévention et la recherche de solutions durables aux conflits armés” qui font rage sur le continent. Les experts sont, en effet, d'accord pour dire que ces conflits constituent une des raisons principales des phénomènes migratoires touchant les jeunes, mais surtout, depuis peu, les femmes et les enfants. Au plan extra-africain, enfin, les experts ont convenu d'“interpeller la communauté internationale pour aider à mettre fin au calvaire de millions de jeunes africains, fuyant la misère et le sous-développement”. Les pays de l'Union européenne (UE) seront spécialement invités à s'impliquer, notamment par la mise en œuvre des “engagements pris dans le cadre du plan d'action adopté par la conférence Afrique-Europe”, tenue au Caire en avril 2000. Cette question sera certainement évoquée lors de la prochaine réunion entre l'UA et l'UE sur le dossier des migrations, prévue cette année, mais aussi lors d'une autre réunion sur la migration et le développement, celle-là organisée par l'ONU en septembre 2006 à New York. L'aide de la communauté internationale est également sollicitée pour renforcer “les opérations de maintien de la paix et du règlement pacifique des conflits” et pour “faciliter la circulation des personnes et des échanges humains à travers l'assouplissement des procédures et délivrance de visas”. Les pays développés sont enfin invités à respecter leurs engagements à allouer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement et à contribuer à la réalisation des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement). À noter toutefois qu'aucune des recommandations de la réunion d'Alger ne fait référence à des actions concrètes visant à une amélioration de la qualité de la gouvernance, alors même que les experts, à l'instar de MM. Bedjaoui et Konaré considèrent la mauvaise gouvernance comme l'une des causes essentielles des migrations en Afrique. Hormis peut-être celle qui consiste à “ratifier et mettre en œuvre les instruments internationaux (…)” sur la protection des travailleurs migrants et de leur famille. Saïd Chekri