Les chiffres relatifs à ce phénomène, qui sera débattu du 3 au 5 avril prochain, ont triplé durant les 40 dernières années. La matière grise du continent africain est de plus en plus aspirée par les pays développés. «Ils sont plus de 23.000 diplômés universitaires et au moins 50.000 professionnels africains à s'expatrier chaque année». Ce chiffre avancé samedi dernier par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelakader Messahel, atteste de la réalité amère dans laquelle se retrouvent les pays africains. Les chiffres cités s'ajoutent aux plus de 4 millions d'experts africains établis en Europe, et presque autant dans le reste du monde. Au regard de la population alphabétisée en Afrique, ce chiffre peut, à juste titre, être qualifié d'astronomique. Notamment lorsqu'on sait que des sommes faramineuses sont annuellement injectées dans les secteurs de l'éducation et de l'enseignement supérieur. «C'est là une grave ponction sur les moyens humains limités de nos économies et une sérieuse hypothèque des perspectives du développement d'un grand nombre de nos pays. C'est aussi un problème sur lequel les dirigeants africains entendent agir et faire agir de façon conséquente nos partenaires au développement», a relevé M.Messahel. Selon les données fournies par les Nations unies, les chiffres relatifs à la fuite des cerveaux ont triplé durant les 40 dernières années. L'hémorragie est particulièrement inquiétante dans les secteurs scientifiques et technologiques. Paradoxalement, pour combler cette brèche, les pays africains font appel au personnel qualifié en provenance des pays occidentaux pour un coût total estimé à 14 millions de dollars chaque année. Aujourd'hui, l'adoption d'une stratégie commune entre les pays africains pour lutter contre le phénomène de l'immigration, aussi bien clandestine que légale s'avère une nécessité si on veut préserver son économie. D'autant plus que les pays récepteurs, notamment européens, optent pour une immigration sélective. Cette stratégie, adoptée tout d'abord par le Canada puis les Etats-Unis, a été suivie par la France et tout dernièrement par la Grande-Bretagne. Les médecins, les informaticiens et les universitaires sont les plus ciblés et favorisés par cette nouvelle politique. De ce fait, «la crème» du continent africain est aspirée au détriment de son économie. Justement, le thème de la migration à l'intérieur du continent africain et vers l'Europe sera débattu lors d'une réunion d'experts africains, prévue à Alger du 3 au 5 avril prochain. «Cette réunion d'experts est convoquée pour débattre des moyens à mettre en oeuvre pour résoudre ce phénomène de la migration», a déclaré, samedi dernier, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M.Abdelkader Messahel. «Nous voulons également mettre au point une stratégie africaine commune dans la perspective d'une réunion ministérielle Afrique-Europe sur la migration, prévue avant la fin 2006» a-t-il ajouté. La réunion d'Alger a été décidée lors du dernier sommet de l'Union africaine (UA), tenu en janvier dernier à Khartoum, au Soudan. La commission de l'UA «a élaboré un document de travail qui sera examiné par les experts africains à Alger, pour la formulation de la feuille de route africaine en vue des discussions projetées au niveau ministériel avec les partenaires européens», a précisé M.Messahel, dans une allocution prononcée samedi dernier devant les ambassadeurs africains. Ce document «a été communiqué à l'ensemble des pays africains, dont l'importance de leur participation à cette rencontre ne peut être suffisamment soulignée», a-t-il indiqué. Abdelkader Messahel a souligné enfin que «l'Algérie ne ménagera aucun effort pour que la rencontre d'Alger soit couronnée de succès et permette à notre continent de se doter d'une stratégie commune dans un domaine d'une grande sensibilité pour nos économies et nos populations, ainsi que pour les relations avec nos partenaires».