Implanté sur le site même de la décharge communale de Zef Zef, le centre a été érigé afin de rationaliser la gestion des déchets et amorcer même une culture de récupération. Son impact devrait se répercuter sur l'ensemble du schéma directeur de la gestion des déchets solides urbains. Il devait aussi renverser, et dans le bon sens, tout le process de collecte, de ramassage et de transport qui vient en aval. Ceci est valable dans la théorie car, dans la pratique, les choses se passent autrement. Responsable directe de la gestion de tout ce qui a trait aux déchets solides, l'APC de Skikda semble avoir eu largement le temps pour démontrer ses limites. Elle a certes engagé plusieurs actions qui visent toutes à apporter un plus, du moins à améliorer une situation chaotique, mais l'ensemble de ses actes ne provenait pas d'une réflexion globale et harmonieuse. L'APC donne beaucoup plus l'impression de tâtonner et d'agir sur le tas, au jour le jour. Parmi les actions à mettre à l'honneur de la commune de Skikda, il faut surtout mentionner la revivification de l'Entreprise communale de nettoyage (Econeg), longtemps en hibernation, et au bord d'une asphyxie matérielle. Cette entreprise, qui s'occupe tout de même de la gestion d'une grande partie des déchets ménagers, allait être dissoute avant que l'APC ne décide de lui accorder un deuxième souffle. Aujourd'hui, l'Econeg pense avoir assez d'expérience pour relever le défi, monnayant bien sûr des moyens supplémentaires. Ses dernières actions de nettoyage réalisées dans le bidonville d'El Match lui accordent déjà un point d'honneur aux dires des habitants du bidonville, qui se sont débarrassés enfin de plusieurs tonnes de déchets qui infestaient les lieux depuis des lustres. Mais cette volonté d'améliorer la gestion des déchets reste entravée quelque part par des manques flagrants. L'exemple le plus éloquent reste bien sûr cette tentative d'externalisation engagée par la commune qui a accordé, au privé et à titre de marché, les opérations de balayage des quartiers et des cités de la ville. Quelques entreprises bénéficiaires de cette opération ne jouent carrément pas le jeu. Est-ce leur faute ? Oui, mais la responsabilité incombe d'abord à la commune qui paye des entreprises qui ne balayent rien, et qui incommodent les citoyens. Les défaillances de certaines entreprises sont nettement exposées au su et au vu de l'APC qui, pour une raison ou pour une autre, ferme les yeux ! A titre de défaillance, il faut relever que les balayeurs de ces entreprises commencent souvent leur travail à 8h et engendrent ainsi d'immenses nuages de poussière dans lesquels s'engouffrent les citoyens et ça ne semble déranger personne, surtout pas la commune ! Il a été donné de constater aussi que ces entreprises, payées au prix fort, ne se donnent même pas la peine de ramasser leurs détritus pour les transporter vers le CET comme le stipule le cahier des charges. Au contraire, elles se contentent de vider leurs brouettes dans les bennes réservées aux déchets ménagers de la commune, à défaut de les brûler en plein air. Certaines entreprises agissent ainsi afin d'éviter les frais de transport et les charges d'enfouissement au CET estimés à 500 DA la tonne. Ce qui revient à dire que la commune se laisse déplumer, car elle paye des entreprises mais se charge de transporter leur collecte et payent à leur place les charges d'enfouissement. L'APC de Skikda, qui ne rate pas une occasion pour fustiger les anciens locataires de l'hôtel de ville qu'elle juge trop dépensier en matière de restauration, semble faire la même chose. Car que ce soit chez le restaurateur ou chez l'entrepreneur du balayage, l'argent finit toujours... dans le ventre.