L'annonce de la non-candidature d'Aït Ahmed à sa propre succession lors du prochain congrès a eu la résonance de la fin d'une époque au FFS. Les membres du conseil national (CN) cachaient mal leur tristesse à la suite de cette annonce vendredi dernier. Ils disent comprendre la décision d'Aït Ahmed de prendre du recul et se sentent aujourd'hui en charge de prendre pleinement leur responsabilité pour être à la hauteur du combat et de l'engagement du président du FFS. «Il y a eu beaucoup d'émotion dans la salle à la lecture du message du président du parti. Ça n'a pas été facile pour les membres du conseil national d'entendre une telle décision, c'est énorme comme annonce, c'est tout de même de Hocine Aït Ahmed dont il s'agit. Nous nous devons aujourd'hui de continuer son œuvre. Il faut que tous les militants soient à la hauteur du parcours de cet homme et de ce qu'il a voulu faire du FFS. Ce sera cela notre hommage à Aït Ahmed, poursuivre son combat pacifique pour la démocratie», estime le premier secrétaire national du parti, Ali Laskri. Le rendez-vous du prochain congrès, prévu au deuxième trimestre de 2013, s'affiche comme le coup de starter à donner à une nouvelle époque où le FFS devra se séparer de son «garant». Certains qualifient ce passage obligé comme une maturation, un nouveau défi à relever et s'interrogent, avec l'humilité qui s'impose à eux en pareille situation, s'ils seront en mesure de passer le cap sans y laisser des plumes. Mais comme dans la vie, la politique est un perpétuel questionnement, un cycle qui se renouvelle avec son lot de mutations et de transformations. «Nous nous devons aujourd'hui de mettre en place les pratiques les plus saines dans un environnement malsain où l'on fait tout pour casser le politique. Ce sera cela notre tâche», nous dit-on. Les membres du CN sont formels : la cohésion des rangs du parti, qui s'appuyait sur le premier responsable, se fera autour des textes et des valeurs de l'organisation. «Le FFS est un parti et dans tous les partis à travers le monde, il y a des passages de ce genre. C'est normal. L'enjeu est de faire en sorte que le FFS continue à donner du sens à la politique, comme il l'a toujours fait en étant le vrai baromètre de la vie politique dans ce pays», affirment des militants qui n'ont pour seule appréhension non pas la succession en elle-même, mais de continuer à faire de la politique malgré l'adversité qu'ils rencontrent. Le docteur Rachid Halet, membre du comité d'éthique au FFS et député, retient déjà deux mots du message de Hocine Aït Ahmed qui guideront, dit-il, l'action du parti : collégialité et éthique. «Il s'agit de la fin d'un cycle. Si l'on devait résumer le parcours de Hocine Aït Ahmed, je dirais comment il a pu faire tout ce qu'il a fait en une seule vie», dit-il. Tout en soulignant qu'Aït Ahmed demeurera aux côtés du FFS, le Dr Halet estime «qu'un enfant ça doit savoir grandir. Et je crois que la dynamique politique enclenchée depuis deux ans est en train de porter ses fruits. Nous aurons à relever d'autres défis, le congrès en est un, ça ne va pas être facile, mais nous sommes déterminés. Nous sommes des guerriers, pacifiques mais guerriers quand même». D'autres membres du CN discutent et chacun y va de son sentiment. «Il constitue un repère pour toutes les générations dans le combat politique. Il a toujours fait passer la démocratie avant toute chose. C'est le grand garant de l'unité nationale, ça a été le vecteur directeur de son combat politique d'avant et après l'indépendance», nous dit l'un d'eux. Et au député et chargé de communication, Chafaâ Bouiche, de préciser : «Il n'a pas arrêté la politique, il a décidé de ne pas assumer une nouvelle fois cette responsabilité. Son message ne va pas démoraliser les militants ; au contraire, il leur donnera la force de continuer.»