Photo : S. Zoheir Par Ghada Hamrouche On croyait qu'il trônerait à la tête de son parti jusqu'à la mort, il n'en est rien. Hocine Aït Ahmed, 86 ans, président du plus vieux parti d'opposition algérienne, a décidé de mettre un terme à sa présidence de la formation politique qu'il a lui-même créée. Après 49 ans à la tête du Front des forces socialistes (FFS), Aït Ahmed décide de passer le témoin. Dans un message adressé au Conseil national du parti réuni en session extraordinaire hier à Alger, il a surpris ses militants en annonçant qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession. Le cinquième Congrès du parti, convoqué, par cette même occasion, pour le second trimestre 2013, aura pour tâche d'élire un nouveau président. Rappelant que ses convictions et ses principes n'ont pas bougé d'un iota durant les 70 ans de militantisme, Hocine Aït Ahmed dira que «les cycles de la vie s'imposent à tous». Aussi, il annonce solennellement son retrait. «Je dois ainsi vous dire que le moment est venu pour moi de passer le témoin et que je ne me présenterai pas à la présidence du parti pour le prochain exercice», écrit-il. Un moment émouvant pour tous les militants du parti qui n'imaginent pas un seul instant le FFS sans Aït Ahmed à sa tête. L'homme, qui a su faire de sa formation politique le plus grand parti d'opposition du pays, recommande à ses militants de «maintenir le cap, de préserver et de développer le FFS, dans la collégialité, conformément à l'éthique qui a toujours guidé nos actions». Ce retrait d'Aït Ahmed ne signifie pas, toutefois, qu'il quitte la vie politique. Assurant les militants du parti de son soutien et de son engagement sans faille à leur côté, il annoncera, dans la foulée, la création de sa propre fondation. «Je resterai, dans l'avenir, toujours proche de vous dans la réflexion et l'action, en particulier, avec la collaboration de mes enfants, dans le cadre de la «Fondation Hocine Ait-Ahmed» que j'ai décidé de constituer», déclare-t-il encore. Aït Ahmed qui reste, cependant, à l'écoute des militants du FFS engage le secrétariat national à «amorcer dès maintenant le processus de préparation du 5e Congrès du FFS par la mise en place, conformément à nos statuts et notre règlement intérieur, de la Commission de préparation du congrès national (Cpcn) et de tout mettre en œuvre pour sa réussite».Aït Ahmed a donc choisi le retrait et la préparation de sa propre succession dans le calme et la sérénité conformément aux convictions qui l'ont animé durant toute sa vie militante. Poursuivant l'œuvre de préservation d'une institution politique qu'il a contribué à créer et à préserver depuis 49 ans, il rappellera qu'«il ne s'agit pas de se satisfaire d'avoir résisté, et survécu, aux terribles épreuves que le parti a traversées en même temps que le pays. Les défis qui attendent d'être relevés sont au moins aussi importants et sérieux que ceux que le parti a relevés au cours des décennies passées». Comme dans un message d'adieu, le leader du plus vieux parti d'opposition algérienne, rappellera ce qu'est le FFS et comment et à quoi il a su résister au fil des années. Il exhortera les militants du parti à rester fidèles aux idéaux qui ont toujours été les leurs. «Le FFS ne serait pas ce qu'il est, c'est-à-dire le plus vieux et le plus solide parti d'opposition démocratique, s'il n'avait su, tout au long de ces années, serrer les dents durant les épreuves, renforcer les liens entre les militants les plus sincères, faire corps avec sa base et remonter, victorieux, à contre-courant de tous les traquenards.» Un parti en dehors de tous les calculs politiciens faisant toujours prévaloir l'intérêt national. «Nous sommes dans le sens de l'Histoire et notre peuple ne renonce jamais. Cet événement doit donner tout son sens à un véritable changement démocratique dans notre pays», affirmera Aït Ahmed.