Le chef du gouvernement tunisien, l'islamiste Hamadi Jebali, a nommé hier un nouveau gouverneur à Siliana (sud-ouest), répondant à la principale revendication des habitants de cette région secouée fin novembre par cinq jours de violences. Le nouveau gouverneur, Montassar Jarray, remplace Ahmed Ezzine Mahjoubi «qui sera appelé à d'autres fonctions», a annoncé le ministère de l'Intérieur sur son site officiel sans donner d'autres précisions. Une grève générale avait été entamée fin novembre à Siliana, dégénérant en cinq jours d'affrontements violents entre la police et des milliers de manifestants qui réclamaient notamment le départ de M. Mahjoubi pour «incompétence». Les autorités avaient dans un premier temps affirmé qu'elles ne cèderaient pas au chantage de la violence ayant fait plus de 300 blessés. Mais elles ont fini par accepter la mise à l'écart du gouverneur, la population ayant maintenu la pression avec le soutien de la puissante centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Outre le départ de M. Mahjoubi, les habitants réclamaient un plan d'aide économique et la libération de 14 personnes arrêtées lors de violences sociales en avril 2011. La région de Siliana est affectée par de grandes difficultés économiques. Selon des statistiques officielles, les investissements y ont baissé de 44,5% et les créations d'emplois de 66% sur la période janvier-octobre 2012 par rapport à la même époque de l'année précédente. Excédés par le chômage et la misère, facteurs-clés de la révolution qui a renversé le président Ben Ali en janvier 2011, les habitants de Siliana comme d'autres régions de l'intérieur déshéritées de la Tunisie jugent que le gouvernement a trahi leurs attentes. La Tunisie est minée par les conflits politiques et religieux ainsi que des difficultés économiques à l'approche du deuxième anniversaire de sa révolution qui était à l'origine du Printemps arabe.