Mettant à profit les vacances de fin d'année, le romancier et poète Habib Tengour s'est replongé dans la pratique du 4ème art. Sa pièce intitulée «La Captive sans éclats» a été confiée à la troupe El Moudja de Salamandre, dont les sociétaires ont accueilli l'auteur de «L'épreuve de l'Arc» avec beaucoup de déférence. Plus connu pour ses nombreux essais et nouvelles, dont la narration s'alimentent souvent des chroniques propres à Mostaganem et à son vieux et pittoresque quartier de Tigditt. Le quartier arabe de la ville qui a vu naître l'incontournable Ould Abderrahamen Kaki, Djilali Benabdelhalim, Abdelkader Benaïssa, Mekki Bensaïd, Osmane Fethi et tant d'autres hommes de théâtre qui ont fait la notoriété de la ville. Avec les peintres Benanteur et Khadda, c'est sans doute Habib Tengour qui évoque le mieux cette période faste des foisonnements culturels de Mostaganem. Alors qu'il vient de signer un volumineux recueil de poèmes judicieusement traduits en anglais par son ami Pierre Joris, et publié dans une cossue collection américaine, Habib Tengour n'était nullement attendu du côté de l'écriture théâtrale. Pourtant, sans crier gare, voilà qu'il surprend non seulement en produisant une pièce inattendue mais en faisant volontairement le pas vers la troupe «El Moudja» et ses jeunes acteurs qu'il invitera, trois jours durant, à venir s'imprégner du texte et en faire une première lecture. Passée l'heureuse surprise, c'est dans un engouement de jeune premier que Boudjemaa et sa troupe se sont engouffrés dans la brèche ouverte par le prolixe enfant de Tigditt. Très vite, le courant est parfaitement passé entre les jeunes comédiens et l'auteur. Au point où les nombreuses séances de travail se sont prolongées indéfiniment autour de discussions sur la pratique théâtrale, l'écriture et surtout sur les retombées d'une telle collaboration. Au moment de prendre congé de la troupe, Habib Tengour venait-il de prendre conscience que sa carrière d'auteur prolifique prenait un autre virage ? A voir l'intense lueur qui se dégageait de son regard, nul ne peut en douter. Maintenant, il va falloir s'organiser, dira-t-il sous un ton énigmatique qui en dit long sur la lourdeur de la tâche. On ne peut pas ne pas penser à Kateb Yacine dont la carrière a été totalement relancée par l'aventure théâtrale sur les berges de la Mékerra.