Ecrite par son auteur en 1725 à l'orée du contrat social et de la révolution au sein du Vieux Continent, “l'Île des esclaves”, version El Moudja, est tout autant une réflexion sur les concepts de bonne gouvernance. L'association théâtrale El Moudja de la Salamandre (Mostaganem) présentera, ce soir sur l'esplanade centrale de l'institut supérieur de la formation professionnelle de Mostaganem, la générale de sa dernière création adaptée de l'œuvre l'île des esclaves de Marivaux. Conçu sous les contours d'une fresque théâtrale se déployant en plusieurs tableaux, ce spectacle sera interprété en arabe littéraire, a expliqué M. Larbi Benzidane, président d'El-Moudja. La pièce de l'écrivain français a été traduite dans le contexte des activités de l'atelier écriture de texte de l'association par le jeune poète de Tindouf Abdallah El Hamel. “La mouture en arabe littéraire de la pièce de Marivaux, livrée par El Hamel, a notamment confié Benzidane, est en fait le fruit d'un travail collectif auquel se sont associés également Fatiha Bourouba, universitaire et comédienne de la troupe et Hocine Allam, enseignant à la faculté des lettres et des arts de l'université de Mostaganem.” Ecrite par son auteur en 1725 à l'orée du contrat social et de la révolution au sein du Vieux Continent, L'île des esclaves, version El Moudja est tout autant une réflexion sur les concepts de bonne gouvernance. Fidèle à ses repères originels, elle restitue l'avènement de la République à Athènes et tous les comportements de ceux qui, en exerçant le pouvoir, versent dans ses excès pour se retrouver confrontés à une révolte d'esclaves. Ces derniers décident de quitter la cité de la Grèce antique pour se soustraire à ses maîtres. Ils s'installent sur une île sur laquelle l'acte de gouverner relève désormais de leur ressort. Le spectacle de plus d'une heure et demie, que les comédiens d'El Moudja préparent depuis plusieurs semaines, a été mis en scène par Djilali Boudjemâa, aidé en cela par Azzedine Abar, du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès et Halim Zeribi, un féru des planches de la lointaine Tindouf. Il sera proposé dans une scénographie et une chorégraphie signées respectivement par le mostaganémois Ali El Hazati et son confrère du TNA, REdha Belghiat. La générale, indique-t-on encore, sera donnée en hommage à Sirat Boumediène, comédien du TRO, décédé il y a 10 ans, et à Hadja Menad, victime, il y a 3 ans, de l'obscurantisme. L'île aux esclaves constitue pour les animateurs de l'association un aboutissement des activités des différents ateliers, créés au sein de l'école de théâtre d'El Moudja, subventionnée par l'Union européenne et Sonatrach. À noter qu'elle a été inaugurée en mars dernier. Ce spectacle, en terme de production théâtrale, est la seconde “livraison” d'El Moudja durant cette année, après la pièce 4 fois 1, présentée au dernier festival du théâtre amateur de Mostaganem, valant à la troupe le prix du meilleur collectif théâtral que lui a décerné le jury présidé par Kamel Bendimerad.