La mendicité est dans la plupart des cas liée à l'indigence croissante, mais il est utile de dire qu'au temps actuel, c'est plutôt la quête de l'argent facile qui prend place. Azazga n'a pas échappé à ce phénomène qui a connu une amplitude importante ces derniers temps au vu du grand nombre des mendiants qui prolifèrent dans les venelles et les rues de la ville. Souvent loqueteux, ils implorent d'un regard innocent la générosité des passants pour une hypothétique obole. Interrogée sur ce fléau, une jeune lycéenne nous répond. « On n'est pas insensibles, mais la majorité d'entre eux a une situation peut-être mieux que la nôtre. On cite l'exemple de cette femme en haillons, dès qu'elle repart chez elle, elle remet des habits tout neufs. » Le même constat a été fait au niveau du marché hebdomadaire (chaque samedi), où les expressions demandant l'aumône sautent aux oreilles des passants. Une dizaine de filles et de garçons sillonnent le marché en criant : « Aidez-nous, Dieu vous aide en ce moi sacré. » En guise de réponse, Mohand, ancien marchand de la région, leur rétorque : « Allez-y, vous devez être à l'école en ce moment. » Il nous a expliqué que « la manche est devenue un métier pour la plupart de ces quémandeurs. Ils viennent chaque samedi en groupe en provenance des autres régions, notamment de Rehahlia (Oued Aissi), en louant un taxi dès l'aurore pour prendre place et quémander. » Un bébé à la main avec une ordonnance épinglée sur le tricot est le spectacle on ne peut mieux désolant qui est offert. Ils n'acceptent pas qu'on leur donne de la nourriture, alors qu'un vrai nécessiteux n'aura jamais à la refuser.La majorité des citoyens s'accorde à dire que ces chérubins mendiants sont des victimes puisqu'ils sont privés de leur droit fondamental qu'est la scolarité. Nous nous sommes rapprochés de quelques mendiants pour savoir surtout les raisons qui les ont acculés à ce métier inhabituel.Djamila, âgée d'à peine 12 ans, nous révèle : « Mes parents m'ont initié à quémander disant que c'est mon avenir. L'école est insignifiante pour nous. » Juste à côté d'elle, un jeune nous déclare qu'il a commencé à mendier dès l'âge de 8 ans. Maintenant que « je suis majeur, des gens me conseillent de travailler. A chaque fois que je sollicite un poste de travail, la réponse est négative. Je suis analphabète, que puis-je faire donc ? », s'interroge-t-il. Au niveau de la gare routière, le phénomène a pris d'autres formes. Les mendiants montent dans les bus avant le départ et s'adressent aux voyageurs. « On leur interdit d'accéder au bus. On ne peut pas reconnaître les vrais nécessiteux livrés aux caprices de la nature », se désole un chauffeur de bus. Avant de conclure : « Il y a quelques garçons qui se sont reconvertis en vendeurs de bonbons et on les a même exhortés. En tout cas, c'est mieux que de demander la compassion des gens à longueur de la journée. »