A ce jour, aucune action n'a été entreprise par les associations de protection des enfants sur l'exploitation de ces innocentes créatures contre la mendicité. Décidément, les mendiants ont rompu avec les méthodes classiques de quémander de l'argent aux passants. Tous les moyens sont visiblement développés pour apitoyer et s'attirer la sympathie des autres. Les automobilistes empruntant les rues de la commune de Rouiba, comme c'est le cas un peu partout à Alger, caractérisées par leurs des d'ânes, l'ont sans doute remarqué : des filles visiblement mineures, accompagnées de vieilles femmes, sont aux aguets. Dès que le véhicule ralentit pour que le chauffeur évite tout dégât, la fille surgit de nulle part, demandant aumône et implorant la charité. La vieille dame assise sur un fauteuil roulant, et dont on ne distingue que les yeux, sert d'illustration pour argumenter la quête de la fillette. La route de l'aéroport offre un spectacle désolant. L'image de ces enfants priant pour des dinars est la première image donnée aux étrangers venus en investisseurs ou, tout simplement, en touristes. Autre lieu, autre méthode : les distributeurs automatiques de billets représentent un lieu opportun pour demander l'aumône. « A peine ai-je retiré une somme d'argent, d'un DAB d'une banque située à Rouiba, qu'un groupe de mendiants s'est pointé devant moi, implorant ma générosité. Difficile de dire ou de faire quoi que ce soit devant ces mendiants qui sont à la limite du harcèlement, avec les petits enfants qu'ils traînent avec eux et qui fixent les billets de banque à peine sortis de la machine », témoigne un jeune homme. D'autres ne ratent pas les points d'arrêts réguliers à cause des embouteillages causés par les barrages de la police. Des files de femmes en haillons, souvent avec des enfants, font le « porte-à-porte » des voitures pour récolter quelques dinars ; qu'il pleuve ou qu'il vente, elles sont toujours là. Des gangs derrière les réseaux de mendicité ! Le plus remarquable, c'est le fait que ces mendiants utilisent des enfants souvent en bas âge. Ce n'est pas difficile de reconnaître que le bébé porté n'est pas l'enfant de la vieille. « Une maman, même démunie, ne traînera pas son gosse ainsi et ne l'exposera pas aux risques de maladies pour récolter quelques sous », commente un passant. Selon la Fondation de la promotion de la santé et de la recherche (Forem), il y aurait même tout un réseau derrière l'emploi et la location des bébés et enfants en bas âge, pour les utiliser dans la collecte de l'argent en mendiant. Le Pr Mustapha Khiati, président de la Forem, reconnaît que beaucoup de difficultés ont entouré l'enquête que l'association a essayé de mener sur le terrain, du fait que les enfants, acteurs principaux de ce phénomène, ne peuvent être interrogés, surtout que la grande majorité des mendiants sont des enfants. Le Dr Khiati reste convaincu que « des réseaux, du moins des gangs, organisent ce phénomène dans la capitale avec la location et l'exploitation des enfants pour ramasser de l'argent ». Ces enfants subissent des violences physiques et morales et des châtiments dans le cas où ils songeraient à contredire leurs commanditaires, explique le précisent de la Forem, qui rappelle qu'un réseau similaire a été démantelé par les services de sécurité à l'est du pays au début des années 1990. A ce jour, aucune action n'a été entreprise par des associations de protection des enfants sur l'exploitation de ces innocentes créatures dans la mendicité. Ce constat, nous pouvons le faire après avoir suivi la célébration du 1er juin (Journée mondiale de l'enfance). Le réseau NADA s'est contenté d'exposer les résultats de la cellule d'écoute. A souligner aussi l'absence de l'organisation des droits de l'homme sur ce terrain, alors que l'Algérie a ratifié les conventions internationales pour la protection des enfants.