Si la mendicité est dans la plupart des cas liée à l'indigence croissante, il est toutefois utile de dire que de nos jours, c'est plutôt la quête de l'argent facile qui prévaut. La capitale de l'Ahaggar n'a malheureusement pas échappé à ce phénomène qui a connu une hausse importante au vu du grand nombre de mendiants qui prolifèrent dans les venelles et artères de la ville. Vêtus souvent de nippes et de loques, ils implorent d'un regard innocent la compassion et la générosité des passants pour une hypothétique obole. «Pourtant, nous dit un quadragénaire interrogé sur ce fléau, la plupart d'entre eux ont une situation meilleure que la mienne. Ils font la manche en famille.» Evitant les réverbérations du soleil au zénith, ils peuvent rester toute la journée à tendre leur sébile. Au marché de l'Assihar, situé à une centaine de toises du chef-lieu de la wilaya, le constat est plus éprouvant. Les expressions demandant l'aumône fusent de partout et agressent les oreilles des passants. Toutefois, ce raffut les laisse de marbre, car ils savent que la manche est devenue un métier pour la plupart d'entre eux. Ils viennent quotidiennement dès les premières lueurs du matin pour prendre place et mendier. Un nourrisson dans les bras et une ordonnance épinglée sur le giron, c'est la méthode la plus répandue, utilisée pour offrir un spectacle désolant. «Ils n'acceptent pas qu'on leur donne de la nourriture, alors qu'un vrai nécessiteux ne refuse jamais un tel don», fait remarquer un marchand. Cependant, le problème des enfants mendiants, privés de leur droit fondamental qu'est la scolarité, n'est pas à exclure et préoccupe plus d'un. Pour connaître les raisons qui les ont acculés à ce métier inhabituel, nous nous sommes rapprochés de quelques-un(e)s. Aïcha, âgée de 12 ans, révèle dans un langage à peine accessible que ce sont ses parents qui l'ont initiée à faire la manche pour assurer son avenir. Discernant son borborygme, elle est parvenue à nous dire, les yeux embués de larmes, qu'elle n'est nullement épargnée par les caprices de la vie et qu'elle ne sait pas de quoi sera fait demain de par son âge. Juste à côté d'elle, une jeune fille nubile nous déclare qu'elle a commencé à mendier dès l'âge de 5 ans. «L'école m'est insignifiante. Je suis analphabète et je ne pourrai, gagne-pain oblige, rien faire d'autre.» Sur le boulevard de Sersouf, situé au cœur de la ville, le phénomène a pris d'autres formes. Les mendiants affluent vers tous les coins et recoins stratégiques pour quémander.