Belle surprise pour les habitués de la place du 1er Novembre de Blida en cette fin d'après-midi du 1er avril : la troupe des Hilal de Beni Abbès, forte de 22 personnes, s'est produite en plein air avec fusils, baroud, derbouka et bendir. Les airs chantés rappelaient les chaleurs du Sud, les ergs, les ksour et le maoussim tout proche. Des enfants écarquillaient les yeux, n'étant pas habitués à ce genre de manifestations. On était loin du chaâbi, de l'andalou, du raï, du chant moderne ou occidental : c'était le blues algérien, le maya tout différent du gnawi que rejette le premier responsable de firqet maya hilal de Beni Abbès : « Le gnawi provient de Guinée, alors que le maya est authentiquement algérien. Nous l'avons hérité de nos arrière-grands-parents et nous continuons à le produire pour le bien de toute la communauté qui s'y retrouve. » Sur la méconnaissance du public de cet air, Saïd Touati précisera : « Nous sommes connus dans les pays d'Europe où nous nous produisons depuis longtemps, mais c'est la première fois que nous sommes invités au nord de notre propre pays. » Un des accompagnateurs du groupe et grand admirateur de cette musique, M. Segueni, dira : « Je vais trois à quatre fois par an à Beni Abbès et je ne m'en lasse jamais. Il fallait cette venue au nord du pays afin que les Algériens connaissent mieux le patrimoine. » Invités à se produire à Blida, les éléments étaient surpris de n'avoir trouvé personne pour les accueillir. Le directeur de la culture de la wilaya de Blida dira à cet effet : « Notre direction s'est trouvée seule, alors que nous avions avisé l'apc de Blida. Nous avons dû faire des pieds et des mains pour trouver un bus afin de les amener puis les ramener à leur lieu d'hébergement à Alger. » Interrogés sur leurs impressions sur la ville de Blida, les membres de la troupe feront de larges sourires : « Nous sommes arrivés directement à cette place et nous avons joué jusqu'à la tombée de la nuit , puis nous revenons à Alger. » Entre temps, même pas quelque chose à se mettre sous la dent et on ne viendra pas dire après qu'El Bouleïda est une ville hospitalière. La troupe se produit aujourd'hui à la salle Ibn Zeydoun et s'envolera aux Emirats arabes unis après les festivités du Mawlid à Beni Abbès.