Il a chanté l'amour, la paix, l'espoir, la liberté, la souffrance, l'engagement en passant aisément d'un thème à l'autre comme une abeille butinant de fleur en fleur. Son nom évoque l'amour, la liberté et l'originalité. Aït Menguellet, c'est plus qu'un mythe pour des millions de jeunes fans amazighs, il est même leur symbole. Ce samedi soir, Lounis Aït Menguellet et sa troupe ont donné, au grand plaisir de leur fidèle public, un concert exceptionnel à la salle El Mougar, organisé par l'Onci. L'affluence du public est de plus en plus importante. La salle est archicomble. Elle s'est avérée trop exiguë pour abriter une telle soirée qui a drainé, comme il fallait s'y attendre, une grande affluence. Beaucoup de fans de l'artiste sont restés sur le carreau, tant la salle était pleine comme un oeuf dès 21 heures. Pendant près de trois heures, le maestro a gratifié ses nombreux fans d'un spectacle de haute facture en égrenant un chapelet de chansons puisées de son riche répertoire, habilement habillées des sons de flûte jouée par son fils Djaffar, et rythmées par le bendir de Saïd Ghezli, derbouka de Ben Amer Chabane, la guitare de Rabah et Abderrahmane à la basse. En l'espace d'une soirée, les mélomanes ont ainsi renoué avec les airs nostalgiques et envoûtants du troubadour, allant de porte en porte pour dire ce qu'il croit être la vérité, comme il le clame dans son tube Ameddah. C'est vers 22 heures que Lounis, vétu d'une chemise noire en parfaite harmonie, fit son entrée sur scène en saluant sobrement l'assistance qu'il embrassa d'un regard furtif, avant de l'inviter, sans transition, à voyager avec lui à travers l'espace et le temps, dans une ambiance cathartique et complice qui s'est spontanément installée dans la salle, comme pour mieux écouter, savourer voire boire, les paroles du sage. Buste en avant, penché sur son inséparable compagne (guitare) et, regard scrutateur d'un horizon lointain, Aït Menguellet entame son spectacle par sa chanson fétiche Er Rayiw, à travers laquelle il s'insurge contre les mauvais conseillers. Poète pluriel, il a chanté l'amour, la paix, l'espoir, la liberté, la souffrance, l'engagement, passant aisément d'un thème à l'autre comme une abeille butinant de fleur en fleur. S'adressant à la jeunesse, nombreuse dans la salle, il lui dédia la chanson Cheffawa (souvenir), où il évoque les trois événements majeurs rythmant toujours sa vie, à savoir la première rencontre amoureuse, la perte d'un ami et le jour de son mariage. Puis, changeant de registre, il vilipende l'imposture à travers son tube les brasseurs de vent. Il interprétera ensuite plusieurs chansons de son dernier album, notamment Dda Idir. Lounis, de son vrai nom Abdenbi Aït Menguellet, est né à Ighil Bouamès.Un village de la Haute Kabylie, en 1950. Il commence à chanter en 1967. Mais il se décourage vite. N'étaient des amitiés solides, il n'aurait jamais pu continuer. Dans l'émission de la Chaîne II de la Radio nationale, Les chanteurs de demain de Chérif Kheddam, il chante sa première chanson Ma trud ula dhnak akther «si tu pleures, moi je pleure encore plus». Kamel Hamadi et Wahab, parent et ami, se chargeront des contacts avec des éditeurs. A partir des années 70, Lounis devient l'un des symboles de la revendication identitaire.