L'installation de l'exécutif communal a été contestée dans certaines municipalités de la wilaya de Tizi Ouzou. A M'kira, des protestataires ont muré la porte du bureau du président de l'APC avec des briques pour en bloquer l'accès. Les élus qui ont piétiné les protocoles d'accord paraphés dans le cadre des alliances ont été exclus par leurs partis respectifs. L'installation de l'exécutif communal issu des élections locales du 29 novembre dernier a eu lieu sur fond de contestation dans plusieurs localités de la wilaya de Tizi Ouzou. Des citoyens ont carrément empêché les cérémonies d'investiture des nouveaux maires. Ce fut le cas, d'ailleurs, de l'APC de M'kira, daïra de Tizi Ghennif, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de la wilaya, qui a connu une vive tension après une alliance entre le RCD, le FLN et les indépendants qui a abouti à l'isolement du FFS, qui avait obtenu une majorité relative des suffrages exprimés. Dès lors, des partisans de la formation d'Aït Ahmed n'arrivent pas à accepter cette «décision» et empêchent l'installation du nouveau maire FLN. «C'est vraiment une injustice de voir le parti qui a obtenu moins de sièges que les autres prendre la présidence de l'APC», clame un citoyen de la localité, qui rappelle que le FFS est sorti en tête avec 6 sièges alors que le RCD en a eu 4, le FLN 2 et les indépendants 3. La colère s'est emparée des jeunes contestataires qui ont fermé la mairie pendant des semaines, paralysant tous les services. Les deux tentatives d'installer le président de l'APC ont échoué ; il a fallu organiser la cérémonie d'investiture du nouveau maire de M'kira au siège de la wilaya. Mais cela n'a aucunement abouti au règlement de la crise. Les protestataires reviennent à la charge et murent carrément la porte du bureau du P/APC en briques pour en empêcher l'accès au nouveau maire. La mairie de M'kira a été incendiée, dans la nuit de lundi à mardi, où le bureau du président de l'APC et celui du service technique ont été pris par les flammes ver 3h. Des archives et des micro-ordinateurs ont été ravagés par le feu. «On ne sait pas si l'incendie de la mairie a un lien avec la contestation de l'exécutif communal ou pas», nous a dit un autre citoyen de la localité. Le wali a ordonné aux services de la Gendarmerie nationale d'ouvrir une enquête sur cette affaire et de déférer les auteurs devant la juridiction compétente, selon un communiqué de la cellule de communication de la wilaya de Tizi Ouzou qui parle d'un «incendie criminel». Le fédéral du FFS à Tizi Ouzou, Farid Bouaziz, précise : «Notre parti déplore ce qui s'est passé à M'kira. C'est regrettable d'arriver à cette situation. Nous condamnons l'incendie de la mairie.» Pour revenir à l'installation de l'exécutif communal, rappelons que dans certaines localités, des troubles ont été enregistrés comme à Tigzirt, Boudjima et Aït Bouadou. A Makouda aussi, il a fallu l'intervention de la police pour disperser les manifestants qui ont pris, plusieurs fois, d'assaut le siège de l'APC afin de perturber la cérémonie d'investiture du nouveau maire. Le RCD, qui a obtenu une majorité relative, a été isolé par une alliance contractée entre le FFS, le FLN et les indépendants. Le P/APC a été installé hors délais, dans un climat de tension caractérisé par des escarmouches devant la mairie. En outre, il est utile de souligner que le directeur de la réglementation et de l'administration générale de la wilaya de Tizi Ouzou a été relevé de ses fonctions en raison, dit-on, de «la mauvaise gestion» de l'opération d'investiture des nouveaux présidents d'APC. Par ailleurs, chez les formations politiques, l'heure est à l'exclusion des élus qui ont piétiné les protocoles d'accord paraphés dans le cadre des alliances. Le bureau de wilaya du RND a décidé ainsi d'exclure deux élus à l'APC de Tizi Ouzou pour avoir «piétiné le pacte signé entre le parti d'Ahmed Ouyahia, le FFS et le FLN». Le FFS aussi a, par le biais d'une déclaration rendue publique mardi, souligné qu'«une élue portée sur la liste à l'APC de Tizi Ouzou a pris une position contraire à celle du parti et à celle de l'alliance scellée entre plusieurs formations politiques». «Au-delà du taux d'abstention et des résultats que le scrutin a généré, la campagne électorale aussi bien que les tractations pour l'élection des P/APC ont été marquées par une volonté caractérisée d'un phénomène jadis banni de la scène politique : la corruption électorale. Les voix d'électeurs simples et grands électeurs soient-ils ont fait l'objet de séduction matérielle dévoilée», ajoute le même texte.